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«Comment pouvons nous parler des élections présidentielles avec un régime qui a tout détruit»

Interview de Said Ahmed Said Abdillah, président du parti Politique Comores Alternative. 

Quelle est votre réponse à ceux qui affirment que votre parti Comores Alternative a abandonné ses principes fondateurs en devenant un soutien d’Azali?

Je voudrais d’abord vous remercier ,vous et l’équipe du journal Comoresinfos pour m’avoir accordé cet interview. Le parti Comores Alternatives a des principes fondamentaux qui n’ont pas été violés en soutenant les assises nationales, puis le changement de la constitution qui a donné naissance à un mandat renouvelable une fois au chef de l’exécutif national. Nous avons combattu la constitution de 2001 issue de l’accord de Fomboni, une constitution imposée par les séparatistes des comoriens d’Anjouan. En soutenant le changement de la constitution nous avons espérée de  rétablir trois éléments au moins :

La suppression de l’union des Comores en rétablissant : la république des Comores
La suppression du drapeau infantile et incompréhensible en remettant l’ancien drapeau vert avec un croissant et quatre étoiles de couleur blanche.
L’inscription claire et précise que l’islam est la religion de l’État et du peuple comorien.  Malheureusement la constitution a été écrite par des mains invisibles souvent des étrangers loin des Comores et des comoriens. Mais ceconstat de l absence de nos idées, ne nous a pas empêché de continuer l’aventure avec Azali Assoumani jusqu’au mascarade électorale des élections présidentielles et des gouverneurs de 2019 et celles des législatives de 2020. Après ces dernières, nous avons décidé de nous organiser pour combattre en interne, parmi les partis politiques issus de la mouvance présidentielle, le régime d’Azali Assoumani et ses clans d’où la naissance du G10. Pour répondre simple à votre question, nous n’avions pas renié nos principes fondamentaux du parti Comores Alternatives (P.C.A) . Nous avions adopté une stratégie moins adéquate par rapport à  la personne d’Azali Assoumani. C’est un militaire imbibé de l’amour du pouvoir  à n’importe quel prix et compromissions. Pour lui, seul le rapport des forces compte et surtout sa brutalité.

En tant que spécialiste en économie, comment analysez-vous les conséquences de l’affaire Nazra sur l’économie comorienne et quels sont les moyens les plus efficaces pour atténuer les effets négatifs ?

L’affaire Nazra est très complexe et je n’ai pas eu suffisamment d’informations pour pouvoir analyser son impact sur notre économie. Toutefois, je peux dire que cette histoire prouve la fragilité de notre système monétaire qui est fragile et  presque inexistant. Cette fragilité est liée à l’absence d’une vraie banque centrale aux Comores. Une banque centrale qui ne se contentera uniquement de représenter le trésor public français en collectant les devises et l’or pour l’envoyer en France via Mayotte. C’est l’absence d’une vraie banque centrale qui a permis à la fois une forte circulation des faux billets aux Comores et l’affaire Nazra, deux situations qui ont impliqué le gouvernement Azali Assoumani .Pour y remédier, il faudrait avoir un État qui aurait une banque centrale qui gère véritablement le système monétaire du pays et les banques secondaires. En plus de ces deux facteurs, il nous faudrait aussi une justice, pas de pacotille mais juste et équitable qui condamnera fermement ou à mort les faussaires.

En tant que citoyen comorien et homme politique, comment évaluez-vous l’opération Wuambushu menée par les forces françaises à Mayotte ? Pensez-vous que cela pourrait avoir des conséquences sur les relations entre les Comores et la France ?

Cette opération est une déportation massive de notre peuple de son propre territoire, que la France, encore ancrée par la pensée colonialiste avec la collaboration du gouvernement d Azali Assoumani et ses clans, vers les autres îles afin de la decomorianisee . Il ne suffit pas de condamner, ni de crier mais de nous battre et défendre la dignité de notre peuple et notre souveraineté nationale. Nous devons transformer l’opération Wuambushu en une opération Azalée, en chassant le pouvoir d’Azali Assoumani des Comores. Les dirigeants de ce régime ont trahi et humilié notre pays et notre peuple et ils devront un jour être jugés de haute trahison et condamnée .  Par ailleurs,  nous ne devrions pas avoir une relation normale avec la France surtout en ce moment.  Nous aurions déjà, dans un État souverain dirigé par des hommes dignes et responsables, rompu nos relations diplomatiques et renvoyé l’ambassadeur de France à Paris . Vous avez vu ce qu’a fait le Colonel  Assimi Goita, le président Malien et le capitaine Ibrahim Traore  ,présidentduBurkina-Faso,avec les représentants français .Ce sont des vrais soldats, défenseurs de leurs peuples et de leurs pays . Dans le monde cruel que nous vivons, il n’y a pas de place à des demi-mesures. Il n y a pas d’amis ennemis. Soit il est ton allié et te respecte en tant que tel ou il est ton ennemi et il faudrait le combat sans répit jusqu’à la victoire. La France n’a connu que la face paisible et naïve du peuple comorien. Elle veut connaître l’autre face pour en apprécier le goût.

Êtes-vous prêt à vous présenter comme candidat à la présidentielle de 2024 ? Si oui, quels sont vos principaux projets pour les Comores et comment comptez-vous les mettre en œuvre ?

Parler des élections dans l’état où sont les Comores aujourd’hui, c’est insulter le peuple comorien et se trahir soi-même. Comment pouvons nous parler des élections présidentielles avec un régime qui a tout détruit : l’économie-toutes les sociétés d’états sont en quasi faillite, la justice-des hommes tués au sein des camps militaires, certaines personnes emprisonnées et d’autres aucune trace d’eux…. Je ne parle pas de l’état de l’éducation, de la santé voire de l’administration publique.

Comment pouvons nous parler d’élections présidentielles avec un régime qui a bradé une partie de notre territoire national, Mayotte, à l’ancien colonisateur, ce qui représente,  pour nous autres, une haute trahison . Pour vous répondre simple, nous ne participerons pas à des élections organisées par le régime actuel.

Comment jugez-vous la désignation de Mamadou comme leader de l’opposition aux Comores ? Pensez-vous que cela pourrait renforcer l’opposition et les perspectives d’une alternance démocratique au pouvoir ?

La politique  est une guerre et pour la mener il faut un chef . Aux Comores,  chacun d’entre nous veut être chef sans vouloir assumer les fonds et les devoirs qui s’incombent avec . Pour gagner le combat politique contre le régime d’Azali Assoumani, l’unification du chef est nécessaire et vitale . C’est un grand pas au sein de l’opposition mais pas suffisant. Il faudrait aussi unifier l’objectif et coordonner les actions de l’intérieur et de l’extérieur.

Pour votre deuxième question, Mamadou n’ a pas été choisi pour être candidat à quelconque élections présidentielles. Il est le chef de toute l’ opposition nationale pour mener un combat politique afin d’en finir avec le régime d’Azali Assoumani. Le moment où nous mettrons fin ce régime, c’est lui qui assumera la transition afin de remettre l’État comorien sur le rail et de refaire une nouvelle constitution qui tiendra compte de la tournante sur l’île comorienne d’Anjouan. C’est après que nous pourrons parler des élections présidentielles et autres.

En tant que personnalité politique comorienne, quel est votre point de vue sur la condamnation à la prison à perpétuité de l’ancien président Sambi ? Pensez-vous que le président Azali devrait accorder une grâce présidentielle à Sambi ?

Je ne considère pas que le président Ahmed Mohamed Abdallah Sambi et Mohamed Ali Soilihi et d’autres comme eux, ont été jugés.   On a vu et on sait un peu plus sur le  déroulement  de cette parodie de justice. Ils ne devraient pas demander de grâce afin d’éviter de reconnaître qu’ils étaient réellement jugés.

Propos recueillis par la rédaction de Comoresinfos

 

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