Depuis l’élection du président Azali Assoumani aux Comores, une tendance au non-respect des lois par les autorités semble s’être établie, devenant presque une caractéristique dominante de la culture politique locale. Un exemple marquant de cette tendance est le cas de l’ex-président Ahmed Abdallah Sambi, jugé et emprisonné en vertu d’une loi inexistante, illustrant clairement cette dérive.
Le non-respect flagrant du droit par les autorités a été symbolisé de manière frappante en 2018, lorsque le président Azali a supprimé la Cour constitutionnelle, malgré les protestations de l’ensemble de la classe politique. Il a remplacé cette institution par la Cour suprême, un acte qui outrepassait ses pouvoirs légaux. L’argument qu’il a utilisé pour justifier cette suppression est devenu emblématique de cette ère de gouvernance : « Une cour est une cour ». Cette déclaration, perçue à la fois comme iconique et tragi-comique, suggérait qu’il n’y avait pas de différence significative entre la Cour constitutionnelle et la Cour suprême, révélant une compréhension et un respect très limités de l’importance des institutions juridiques spécifiques et de leur rôle dans la démocratie.
Cette phrase, « Une cour est une cour », a même été intégrée dans le langage populaire comorien, souvent citée pour justifier, avec ironie, des infractions aux lois. Elle est devenue synonyme d’une attitude désinvolte et irrespectueuse envers les principes juridiques fondamentaux, reflétant une culture politique où les lois peuvent être interprétées ou ignorées selon les besoins des dirigeants.
Dans ce contexte, le rejet des candidatures d’Achmet Said Mohamed et de Chayhane par la Cour suprême peut être perçu comme un autre exemple de cette tendance. Leur disqualification s’inscrit dans une suite d’événements où la légalité et l’impartialité semblent être compromises au profit du maintien du pouvoir en place, soulignant les défis considérables auxquels les démocraties émergentes, telles que les Comores, sont confrontées lorsqu’elles cherchent à établir et à maintenir des normes démocratiques.
ANTUF Chaharane
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