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Centrafrique : le chaud-froid de Bangui sur le sentiment anti-français

31 décembre 2012

Centrafrique : le chaud-froid de Bangui sur le sentiment anti-français

Le président centrafricain François Bozizé, le 30 décembre 2012 à Bangui ©AFP

BANGUI (AFP) – (AFP)

Le
régime du président centrafricain François
Bozizé qui a demandé dimanche à rencontrer le
président François Hollande souffle depuis le
début de la crise le chaud et le froid sur le sentiment
anti-français d’une population partagée sur
l’ancienne puissance coloniale.

Le sentiment anti-tricolore a connu une brusque montée
symbolisée par le caillassage de l’ambassade de France
à Bangui le 26 décembre.Aujourd’hui, de nombreux
Centrafricains et même des membres de forces de l’ordre
ou de l’administration ont une attitude ouvertement hostile,
voire menaçante contre les « Blancs ».Ils ne
comprennent pas la non intervention de la France voire la
jugent responsable de la situation.

Beaucoup de Centrafricains restent toutefois francophiles
comme Ulrich Maglos, éleveur, qui estime : « Tout le
monde est content de la France mais on voudrait qu’elle
intervienne pour nous protéger »

Depuis le début de la crise, M. Bozizé tente
d’obtenir une intervention française pour stopper
l’alliance rebelle Séleka, qui menace Bangui et son
pouvoir après avoir pris plusieurs villes au nord de la capitale.

S’étant vu opposer une fin de non-recevoir sans appel,
il a soufflé sur des braises savamment entretenues ces
dernières années.Le régime a souvent
reproché à la France de l’empêcher
d’exploiter son sous-sol, notamment depuis la suspension de
l’exploitation de la mine d’uranium de Bakouma en 2011,
estime un journaliste centrafricain.

Les jets de
pierre sur l’ambassade sont survenus 15 jours après le
début de l’offensive rebelle Séléka dans le
nord, deux jours après la prise de Bambari,
considérée comme une place forte. »L’idée
était de susciter une intervention française », analyse-t-il.

« Avant, il n’y avait pas ce sentiment.Les gens ont
été instrumentalisés par le pouvoir qui ne
comprend pas que la France n’intervienne pas comme par le
passé », estime un ressortissant français
proche du dossier.

« Il n’y a pas de sentiment anti-français »,
s’énerve le principal opposant centrafricain Martin
Ziguélé. »Nous n’avons aucun intérêt
ni à court ou long terme à développer un
sentiment anti français, américain ou occidental ».

« Il y a une manipulation.On dit : +La France veut
prendre, l’or, les diamants, l’uranium+ et ça
marche », analyse un opposant sous couvert de l’anonymat.

Depuis, le président Bozizé a fait machine
arrière, s’excusant auprès de Paris et demandant
dimanche de manière humble à rencontrer M.
Hollande.Des hauts fonctionnaires multiplient aussi les
propos apaisants à l’égard de la France.

Le ministre de l’Administration territoriale José
Binoua, qui a la double nationalité centrafricaine et
française, s’insurge des accusations de manipulation. »Le président s’est étonné de la
passivité de la France mais de là à dire que
c’est le gouvernement qui pousse… ».

Pour lui, la
récente poussée anti-française est due au
porte-parole du Séléka, Eric Neris Massi,
beau-fils du créateur d’une des factions de la
rébellion Charles Massi, donné pour mort par sa famille.

« Eric Neris, qui se donne le nom de Massi, de
nationalité française, ne jouit pas de la
nationalité centrafricaine », lance M. Binoua. »Pour la population centrafricaine, un Français
comme Eric Neris se mêle de l’affaire d’un pays qui ne
le regarde pas ».

M. Binoua nuance l’importance à accorder aux derniers
développements : « le sentiment anti-francais est
récurrent dans tous les pays colonisés.Dès
que ça va mal, on se tourne vers le papa ou la maman
qui s’appelle France ».

« C’est instinctif : la France, c’est l’ennemie, l’amie,
c’est la maman le papa », pense-t-il, 34 ans après
le renversement avec l’aide de la France du plus
célèbre des Centrafricains, +l’empereur+
Jean-Bedel Bokassa, qui appelait le général de
Gaulle +papa+.



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