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Avec sa première collection, Thouraya Mahamoud ne se défile plus

France. Mangée par le stress, Thouraya Mahamoud ne dort presque plus depuis dix jours. Et le sommeil risque de ne pas revenir avant le 24 avril, jour de présentation de sa première collection de vêtements. « C’est la panique, j’ai l’impression que je n’arriverai pas à tout boucler d’ici là », confie la campinoise de 36 ans, en faisant les cent pas dans son atelier. Ce n’est pas faute d’avoir pensé, et repoussé, ce premier défilé plus d’une fois.

La naissance de sa marque remonte à 2008 : « Massiwa. Un hommage à mes origines. C’est comme ça qu’on désigne les îles Comores chez nous. » En dix ans, la griffe, illustrée par le volcan local, n’aura connu que quelques déclinaisons présentées au gré de boutiques éphémères dans la région. « Il s’en est passé des choses entre-temps… », souffle Thouraya.

26 juin 2013. La styliste est alors vendeuse pour une grande chaîne de prêt-à-porter, après avoir exercé comme costumière dans une compagnie de théâtre puis comme animatrice dans un Ehpad. Un BTS de designer de mode en poche, elle avait mis entre parenthèses ses ambitions, dans un « milieu où on forme beaucoup mais qui ne recrute pas des masses ».
« Est-ce que ma clientèle viendrait au Bois-l’Abbé ? Jamais. »

Ce 26 juin 2013, donc, un chauffard la fauche au carrefour Pompadour, à Créteil, sur le chemin du travail. Après six mois d’hospitalisation, Thouraya est déclarée « inapte » à retrouver son poste. Envolés ses rêves de mode ? « J’avais le poignet tout bloqué. Je ne pouvais pas tenir un crayon. Le drame de ma vie. » Malgré tout, elle a le « déclic » : « Je devais montrer qu’il n’avait pas détruit la Thouraya d’avant. »

Six ans après, elle présentera sa première collection le 24 avril, au théâtre Gérard-Philipe. Des vêtements « cosmopolites » et « ethniques », ornés de fleurs typiques des Comores.

La créatrice ne perd jamais de vue ses origines, ni le Bois-l’Abbé, où elle a débarqué à huit ans. Un quartier « à l’image décalée [dont] on parle toujours de manière négative » : « Moi je m’y sens bien. » Suffisamment pour y installer son atelier en janvier. Mais pas assez pour y loger sa future boutique où il faudra dépenser 150 € pour une chemise et 200 € pour une robe.

« La clientèle que je vise, est-ce qu’elle viendrait jusqu’ici ? Jamais, le lieu est trop connoté. Pour les acheteuses, le vêtement perdrait de la valeur. Juste à cause du quartier. »

Le 24 avril, à 19 heures, au théâtre Gérard-Philipe, 54, boulevard du Château. Inscriptions par mail : massiwacreations@gmail.com

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