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Affaire Mahé : le général Poncet maintient qu’il n’a pas donné l’ordre de tuer

4 décembre 2012

Affaire Mahé : le général Poncet maintient qu’il n’a pas donné l’ordre de tuer

Le général Henri Poncet arrive à la cour d’assises de Paris, le 27 novembre 2012 ©AFP

PARIS (AFP) – (AFP)

Le
général Henri Poncet, ancien commandant de la
force Licorne en Côte d’Ivoire, a affirmé avec
force mardi devant la cour d’assises de Paris qu’il n’avait
pas donné l’ordre de tuer l’Ivoirien Firmin Mahé
en 2005.

Quatre anciens militaires de Licorne, dont un colonel qui dit
avoir agi sur ordre du général, sont jugés
pour le meurtre de Mahé, qu’ils tenaient pour un
dangereux « coupeur de route » (bandit).Il avait
été étouffé avec un sac plastique alors
que, blessé par balle à la jambe, il était
transporté dans un blindé français.

Parmi les accusés, le colonel Eric Burgaud a reconnu
avoir transmis à ses hommes l’ordre que le blessé
n’arrive pas vivant à destination, affirmant que le
général Poncet lui avait lui-même dit :
« roulez doucement…vous m’avez compris ».

« Je n’ai jamais tenu ces propos, Monsieur le
président », a assuré devant une salle comble
le général Poncet, dont le témoignage
était très attendu.

Selon lui, le colonel, de même que l’adjudant-chef Guy
Raugel qui a exécuté l’ordre, ont sans doute
souffert d’un « décrochage du sens moral »,
phénomène bien connu des psychiatres militaires,
lié au stress de la mission, au désarroi, à
l’empathie avec la population…

Le président, Olivier Leurent, a alors demandé au
colonel Burgaud de venir à la barre.

« Je ne
savais pas avoir été commandé par un
psychiatre, je pensais avoir été commandé par
un chef, je m’aperçois que ce n’est pas le cas », a
déclaré l’accusé.

« J’affirme devant vous que le général Poncet
ici présent m’a bien donné l’ordre dont j’assume
la totale responsabilité de l’avoir transmis, moi, mais
pas cet homme-là », a-t-il ajouté,
déclenchant dans le public quelques applaudissements
vite stoppés par le président.

« La France devrait les décorer »

Dans son propos liminaire, le général Poncet,
aujourd’hui retraité de l’armée, avait
expliqué qu’il n’avait aucun intérêt à
ce que Mahé arrive mort, au contraire.

Blessé, a-t-il dit, il lui aurait permis de faire
avancer des discussions entamées depuis fin 2004
auprès de l’ONU pour obtenir un cadre juridique et des
moyens adaptés à la lutte contre le banditisme
dans la « zone de confiance » où opéraient
notamment les « coupeurs de route ».

Henri Poncet avait été mis en examen au début
de l’enquête pour complicité d’homicide volontaire
mais, ayant catégoriquement démenti avoir
donné l’ordre fatal, il avait bénéficié
d’un non-lieu.

Il avait en revanche reçu un blâme pour ne pas
avoir dénoncé les faits.

L’ancienne ministre de la Défense, Michèle
Alliot-Marie, devait être entendue comme témoin en
fin de journée.

Dans la
matinée, un témoignage avait suscité de vives
réactions parmi les Ivoiriens présents dans la
salle, lorsqu’une ancienne adjointe au maire d’une
localité de Côte d’Ivoire, Bangolo, avait
déclaré que « la France devrait
décorer » les accusés plutôt que de les condamner.

« Mahé avait un groupe qui terrorisait la
population », a affirmé Adèle Dito, 67 ans.

Elle se rappelle très bien avoir accompagné
l’adjudant-chef Raugel dans le village natal de Mahé,
afin de demander à la population de récupérer
son corps.Le « président des jeunes », puis le
chef, ont refusé d’aller chercher la dépouille de
Mahé Firmin, parce qu’il « avait souillé le nom
du village », a-t-elle dit.

« Menteuse ! », a crié la salle, tandis que Mme
Dito sortait par une porte latérale, sous la protection
des gendarmes.La famille de Mahé, partie civile au
procès, affirme qu’il n’était pas un coupeur de route.



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Affaire Mahé : le général Poncet maintient qu’il n’a pas donné l’ordre de tuer

4 décembre 2012

Affaire Mahé : le général Poncet maintient qu’il n’a pas donné l’ordre de tuer

Le général Henri Poncet arrive à la cour d’assises de Paris, le 27 novembre 2012 ©AFP

PARIS (AFP) – (AFP)

Le
général Henri Poncet, ancien commandant de la
force Licorne en Côte d’Ivoire, a affirmé avec
force mardi devant la cour d’assises de Paris qu’il n’avait
pas donné l’ordre de tuer l’Ivoirien Firmin Mahé
en 2005.

Quatre anciens militaires de Licorne, dont un colonel qui dit
avoir agi sur ordre du général, sont jugés
pour le meurtre de Mahé, qu’ils tenaient pour un
dangereux « coupeur de route » (bandit).Il avait
été étouffé avec un sac plastique alors
que, blessé par balle à la jambe, il était
transporté dans un blindé français.

Parmi les accusés, le colonel Eric Burgaud a reconnu
avoir transmis à ses hommes l’ordre que le blessé
n’arrive pas vivant à destination, affirmant que le
général Poncet lui avait lui-même dit :
« roulez doucement…vous m’avez compris ».

« Je n’ai jamais tenu ces propos, Monsieur le
président », a assuré devant une salle comble
le général Poncet, dont le témoignage
était très attendu.

Selon lui, le colonel, de même que l’adjudant-chef Guy
Raugel qui a exécuté l’ordre, ont sans doute
souffert d’un « décrochage du sens moral »,
phénomène bien connu des psychiatres militaires,
lié au stress de la mission, au désarroi, à
l’empathie avec la population…

Le président, Olivier Leurent, a alors demandé au
colonel Burgaud de venir à la barre.

« Je ne
savais pas avoir été commandé par un
psychiatre, je pensais avoir été commandé par
un chef, je m’aperçois que ce n’est pas le cas », a
déclaré l’accusé.

« J’affirme devant vous que le général Poncet
ici présent m’a bien donné l’ordre dont j’assume
la totale responsabilité de l’avoir transmis, moi, mais
pas cet homme-là », a-t-il ajouté,
déclenchant dans le public quelques applaudissements
vite stoppés par le président.

« La France devrait les décorer »

Dans son propos liminaire, le général Poncet,
aujourd’hui retraité de l’armée, avait
expliqué qu’il n’avait aucun intérêt à
ce que Mahé arrive mort, au contraire.

Blessé, a-t-il dit, il lui aurait permis de faire
avancer des discussions entamées depuis fin 2004
auprès de l’ONU pour obtenir un cadre juridique et des
moyens adaptés à la lutte contre le banditisme
dans la « zone de confiance » où opéraient
notamment les « coupeurs de route ».

Henri Poncet avait été mis en examen au début
de l’enquête pour complicité d’homicide volontaire
mais, ayant catégoriquement démenti avoir
donné l’ordre fatal, il avait bénéficié
d’un non-lieu.

Il avait en revanche reçu un blâme pour ne pas
avoir dénoncé les faits.

L’ancienne ministre de la Défense, Michèle
Alliot-Marie, devait être entendue comme témoin en
fin de journée.

Dans la
matinée, un témoignage avait suscité de vives
réactions parmi les Ivoiriens présents dans la
salle, lorsqu’une ancienne adjointe au maire d’une
localité de Côte d’Ivoire, Bangolo, avait
déclaré que « la France devrait
décorer » les accusés plutôt que de les condamner.

« Mahé avait un groupe qui terrorisait la
population », a affirmé Adèle Dito, 67 ans.

Elle se rappelle très bien avoir accompagné
l’adjudant-chef Raugel dans le village natal de Mahé,
afin de demander à la population de récupérer
son corps.Le « président des jeunes », puis le
chef, ont refusé d’aller chercher la dépouille de
Mahé Firmin, parce qu’il « avait souillé le nom
du village », a-t-elle dit.

« Menteuse ! », a crié la salle, tandis que Mme
Dito sortait par une porte latérale, sous la protection
des gendarmes.La famille de Mahé, partie civile au
procès, affirme qu’il n’était pas un coupeur de route.



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