L’affaire Akibarou Issoufa, dit Akbar, décédé le 9 décembre après sept mois de détention à Anjouan, a franchi un nouveau cap. Ce qui relevait jusqu’ici d’un contentieux judiciaire et d’une polémique institutionnelle s’est transformé, ces dernières heures, en crise sécuritaire à Mohéli, où la tension est montée brutalement.
Dans la capitale de l’île, des jeunes s’étaient réunis pour préparer une marche pacifique en hommage à Akbar. Selon les organisateurs, il s’agissait d’un rassemblement symbolique, destiné à honorer la mémoire du jeune homme et à réclamer vérité et justice sur les circonstances de sa mort en détention.
Mais cette réunion préparatoire a été empêchée par l’intervention des forces de l’ordre, venues disperser le groupe avant même le lancement officiel de la marche. Cette intervention a rapidement provoqué une montée de la colère, donnant lieu à des scènes de tension dans plusieurs quartiers de la capitale.
Des pneus ont été incendiés sur la voie publique, bloquant certains axes routiers, tandis que les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogènes pour contenir les attroupements et reprendre le contrôle de la situation. La circulation a été fortement perturbée et un climat de crispation s’est installé.
Ces événements surviennent dans un contexte déjà explosif, quelques jours seulement après les déclarations publiques du procureur de la République de Mutsamudu, qui a rejeté les accusations portées par la famille d’Akbar. Le parquet a nié toute irrégularité dans l’arrestation et la détention du jeune homme, affirmé que les soins médicaux avaient été assurés, et attribué les retards de la procédure judiciaire aux avocats de la défense, accusés de manœuvres dilatoires.
Une version officielle qui peine à convaincre une partie croissante de l’opinion publique. Pour de nombreux jeunes, la mort d’Akbar dépasse désormais son cas personnel et devient le symbole d’un malaise plus large : détentions prolongées sans jugement, conditions carcérales dénoncées, et sentiment d’injustice face aux institutions.
À Mohéli, la dispersion d’un rassemblement annoncé comme pacifique semble avoir cristallisé cette colère latente. L’affaire Akbar n’est plus seulement une question de justice : elle est désormais une affaire de rue, de mémoire et de dignité, dont l’issue pourrait peser durablement sur le climat social du pays.
À l’heure actuelle, aucun bilan officiel n’a été communiqué concernant d’éventuelles arrestations ou blessés. Mais une chose est certaine : la mort d’Akbar continue d’embraser les esprits, et la situation reste sous haute tension.
Said Hassan Oumouri


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