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Aboubacar Saïd Salim, le doyen de la poésie Comorienne et de l’engagement littéraire est décédé

La communauté littéraire comorienne pleure aujourd’hui la perte d’un écrivain éminent et d’un enseignant dévoué, Aboubacar Saïd Salim, décédé à l’âge de 74 ans. Né le 9 mai 1949 à Moroni, il laisse derrière lui un héritage riche et durable qui a profondément influencé plusieurs générations.

Aboubacar Saïd Salim a puisé son amour pour les lettres modernes lors de ses études en France, à Pau, Bordeaux et Paris, puis par correspondance à La Réunion. C’est là qu’il a développé son engagement pour la culture comorienne et la poésie, devenant membre fondateur du Club Kalam et du Cercle Pohori, des organisations dédiées à la promotion et à la diffusion de la riche tradition poétique des Comores.

En tant que poète, Aboubacar Saïd Salim a laissé sa marque avec la publication de son recueil « Crimailles et Nostalgie » en 1990, qu’il a ensuite retravaillé pour donner naissance à « Mutsa, mon amour… » en 2014. Mais il était bien plus qu’un poète, il était un romancier engagé. Son œuvre « Le Bal des Mercenaires, » initialement intitulée « Mort pour un ‘i’, » ainsi que « Et la Graine…, » témoignent de son engagement profond dans la société comorienne, notamment à travers la description des crises sociopolitiques telles que la grève des étudiants en mars 1968.

Sa vie n’a pas été exempte de défis, car Aboubacar Saïd Salim était un militant de gauche qui a payé le prix fort pour ses convictions. Il a été emprisonné et torturé sous le régime des mercenaires au milieu des années 1980, mais son courage et sa persévérance l’ont finalement libéré. Il a ensuite continué à servir son pays dans l’administration publique et dans le domaine de l’enseignement, laissant une marque indélébile sur les élèves des collèges et lycées où il a enseigné.

Parmi ses nombreuses contributions à la culture comorienne, Aboubacar Saïd Salim était également connu pour ses billets d’humeur dans la presse nationale, où il partageait sa sagesse et son point de vue acéré sur la société. De plus, son émission télévisée littéraire « Livres à Palabre » a permis de mettre en lumière de nombreux talents littéraires comoriens.

Aboubacar Saïd Salim a pris sa retraite au début des années 2010, choisissant de vivre à Ikoni sur l’île de Grande Comore. En tant que doyen des écrivains comoriens, il a laissé une empreinte indélébile dans le monde de la littérature comorienne. Parmi ses anciens élèves de lycée, on compte des auteurs éminents tels que Halidi Allaoui, poète et avocat, dont il a préfacé les recueils.

Aujourd’hui, la nation comorienne se souvient avec respect et admiration d’Aboubacar Saïd Salim, un homme qui a dédié sa vie à l’éducation, à la poésie et à la préservation de l’âme culturelle des Comores. Son influence et son héritage continueront d’inspirer les générations futures à travers les mots et la sagesse qu’il nous a légués.

Misbah Said

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