
Le 7 mai 2025, un arrêté ministériel autorise les candidats de Mayotte à se présenter au concours interne des professeurs des écoles dès le niveau bac+2. Cette mesure, qui déroge aux exigences nationales (bac+3 dès 2026, bac+5 actuellement), met en lumière une fracture inquiétante dans le recrutement de l’Éducation nationale en France . Si cette décision se veut pragmatique face à la pénurie criante d’enseignants à Mayotte, elle soulève une question dérangeante : assiste-t-on à l’officialisation d’un traitement différencié des territoires ultramarins, au détriment de l’égalité républicaine ?
Avec près de 50 % de contractuels ( comoriens dont des leaders politiques comoriens) parmi les enseignants, Mayotte vit une situation d’urgence éducative. Le manque d’attractivité du territoire, combiné à la faiblesse du vivier local de diplômés, oblige l’administration à adapter les règles. Dans ce contexte, autoriser les candidats titulaires d’un bac+2 à se présenter aux concours internes peut sembler une solution réaliste pour stabiliser les équipes et fidéliser les personnels déjà en poste. Pourtant, cette adaptation pragmatique ressemble davantage à un pansement sur une hémorragie structurelle qu’à une véritable réforme de fond.
Alors que la France métropolitaine et les autres départements ultramarins s’apprêtent à accueillir, dès 2026, un concours de professeur des écoles plus accessible (bac+3), Mayotte hérite d’un régime encore plus souple. Officiellement, il ne s’agit que d’un ajustement ciblé, limité aux concours internes. Officieusement, cette mesure entérine une inégalité de traitement. Peut-on exiger l’excellence à Paris et s’en accommoder à Mamoudzou ? La question mérite d’être posée.
Ce recul du niveau exigé est d’autant plus problématique qu’il intervient dans un contexte national où l’exigence de formation ne cesse d’augmenter. Tandis que le ministère de l’Éducation nationale souhaite « recentrer la formation sur la pratique du métier », on choisit, à Mayotte, de recruter sur la base de formations plus courtes, avec le risque de renforcer les écarts de qualité d’enseignement entre les territoires.
IBM
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