
Les Comores sont frappées par une crise alimentaire dévastatrice, une véritable catastrophe silencieuse qui tue chaque jour sans que personne n’en parle. Hadjidja Abdurazak, présidente de l’association Développons-Nous (ADN), tire la sonnette d’alarme sur une situation critique qui s’aggrave dangereusement. « Les Comoriens meurent à petit feu », affirme-t-elle, pointant une dépendance alimentaire devenue insoutenable et aux conséquences dramatiques.
Une dépendance mortelle aux importations
La dépendance croissante du pays aux importations alimentaires est l’un des principaux facteurs de cette crise. « Aujourd’hui, nous importons même des patates douces, des oranges et des tomates, des produits autrefois cultivés localement en abondance », déplore Hadjidja. Ce bouleversement de l’agriculture nationale a plongé les Comores dans une spirale économique et sanitaire alarmante.
Les maladies liées à l’alimentation explosent. « Nous assistons à une montée en flèche des AVC chez les jeunes, un phénomène qui n’existait pas il y a 20 ans. Les malformations congénitales sont également en hausse. Tout cela est lié à notre alimentation qui a radicalement changé », s’indigne-t-elle.
Les délestages électriques aggravent encore la situation : la conservation des viandes et des aliments périssables devient un véritable défi. La population consomme majoritairement des ailes de poulet importées, omniprésentes des villes aux villages reculés, avec des répercussions sanitaires catastrophiques.
Le défi de l’accessibilité des zones agricoles
Dans les campagnes, l’agriculture pourrait être une solution. Mais Hadjidja souligne un problème de taille : l’inaccessibilité des zones agricoles. Les infrastructures routières défaillantes empêchent non seulement l’acheminement des récoltes vers les marchés, mais compliquent également l’accès des travailleurs agricoles à leurs propres champs. « À Dembéni, Ntsorale, Mdjoyezi et bien d’autres endroits, les routes sont en si mauvais état que les agriculteurs eux-mêmes peinent à rejoindre leurs terres. Cela étouffe littéralement la production locale », alerte-t-elle.
Une lueur d’espoir : l’action de l’association ADN
Face à cette situation critique, l’association Développons-Nous (ADN), dirigée par Hadjidja Abdurazak, se bat pour inverser la tendance. Depuis des années, l’ADN sensibilise les populations rurales aux dangers d’une alimentation basée sur des produits importés et encourage le retour à une agriculture locale. L’association accompagne les agriculteurs, forme des jeunes et milite pour des solutions durables, malgré les obstacles structurels.
Un appel à la mobilisation
Pour Hadjidja, le constat est sans appel : « Les Comores vivent une crise alimentaire grave. Elle est silencieuse, mais elle tue. Et si rien n’est fait, les conséquences seront encore plus dramatiques. » Elle appelle à une mobilisation nationale pour repenser l’agriculture, améliorer les infrastructures et réduire la dépendance aux importations.
Les Comores sont à un tournant crucial. La crise actuelle n’est pas seulement un défi économique, mais une véritable question de survie pour une population dont la santé et les moyens de subsistance sont en péril. Il est temps d’agir, avant que le silence ne devienne définitif.
ANTUF Chaharane
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