
Hier, dimanche 12 janvier, 338 940 électeurs comoriens étaient appelés aux urnes pour élire les nouveaux députés de l’Assemblée nationale. Malgré une faible affluence en matinée, due notamment à une météo capricieuse, la participation a progressé dans l’après-midi, selon les observations de nos reporters présents sur le terrain. Toutefois, de nombreux incidents techniques et organisationnels ont été signalés dans les bureaux de vote.
Le scrutin s’est déroulé dans une atmosphère tendue, marquée par des contestations et des accusations de fraude. Des vidéos circulant sur Internet montrent des personnes introduisant des paquets de bulletins dans les urnes, tandis que dans certains bureaux, des présidents auraient refusé aux autres membres d’assister au dépouillement et à la vérification des procès-verbaux. Ces scènes ont alimenté les critiques des citoyens, qui se demandent pourquoi l’opposition a décidé de participer à ces élections alors qu’elle soupçonnait d’avance des irrégularités.
La Commission électorale nationale indépendante (CENI) doit publier les résultats provisoires d’ici le vendredi 17 janvier. Cependant, selon les premières déclarations du parti au pouvoir, le CRC, ses candidats auraient largement remporté le scrutin dès le premier tour, avec des scores dépassant les 80 %, notamment pour Fath Nour Azali Assoumani, fils du président Azali Assoumani.
Cette victoire annoncée pourrait avoir des conséquences majeures sur le paysage politique comorien. En effet, la législation en vigueur impose des seuils de représentativité aux partis politiques, tant aux élections présidentielles que législatives, pour qu’ils soient officiellement reconnus. Si seul le CRC parvient à atteindre ces seuils, les autres partis pourraient perdre leur statut officiel, ce qui signerait la fin du multipartisme.
Avec les précédents scores des élections présidentielles et la tendance actuelle des législatives, il est probable que seuls les candidats du CRC soient élus, excluant de fait toute opposition du jeu politique national. Ce scénario laisse entrevoir un avenir où un parti unique dominerait la vie politique du pays, mettant fin à une ère de pluralisme et de débats démocratiques.
Alors que les résultats définitifs ne sont pas encore connus, l’opinion publique reste sceptique quant à la crédibilité de ces élections. Le sentiment de fatalisme s’installe parmi les citoyens, qui redoutent une concentration totale du pouvoir entre les mains du CRC. Si ce scénario se confirme, les Comores pourraient entrer dans une nouvelle phase politique, marquée par la disparition des partis d’opposition et la monopolisation du pouvoir par un seul parti.
La question reste ouverte : les Comores vont-elles réellement devenir un État à parti unique, ou une résistance politique et citoyenne émergera-t-elle pour préserver le pluralisme ? Seul l’avenir nous le dira. En attendant, les Comoriens restent dans l’expectative, face à un avenir politique incertain.
ANTUF Chaharane
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