Au lendemain de son élection à la magistrature suprême, Azali Assoumani s’est fixé l’objectif de faire des Comores un pays émergent à l’horizon 2030.
Convaincu que cette noble ambition ne peut se réaliser qu’en instaurant au préalable un Etat de droit, il a embrassé l’initiative de la société civile d’organiser des Assises nationales pour une réforme en profondeur des institutions.
Par rapport au système juridique national, les conclusions issues de ce forum des forces vives de la nation recommandent notamment la « mise en place d’un vaste programme de réforme incluant le renforcement des ressources humaines, la mise en place d’un mécanisme de contrôle et de consolidation de son indépendance » ainsi que le rapprochement de la justice vis-à-vis des justiciables.
Les mêmes Assises nationales ont préconisé la « suppression pure et simple de la Cour Constitutionnelle en l’intégrant au sein de la Cour Suprême». Cette mesure se justifie par la nécessité de disposer au sein de cette instance de «juristes chevronnés et hautement rodés aux arguties juridico-politiques du pays». La suppression de la Haute juridiction constitutionnelle et la redéfinition du statut pénal des élus et des ministres font aussi partie des recommandations phares des congressistes.
C’est pour répondre aux préoccupations exprimées lors de ces Assises que le chef de l’Etat a décidé de soumettre au peuple comorien un projet de Constitution, qui comprend les réformes institutionnelles ainsi proposées, avec comme fil rouge l’urgence de réduire les dépenses faramineuses liées à la pléthore de structures et superstructures.
Le premier chantier auquel s’est attaqué le président Azali est la lutte contre l’impunité.
Qui peut mieux comprendre les contraintes de la justice comorienne qu’un juriste ou un magistrat. C’est ainsi que depuis son élection, il a toujours confié le portefeuille de Garde des Sceaux à un juriste de formation. N’est-ce pas la preuve de cette volonté du chef de l’Etat de secouer «ce grand corps malade » afin qu’il joue pleinement son rôle dans l’édification d’un Etat de droit, condition sine qua non d’un développement harmonieux du pays.
Premier chantier auquel s’est attaqué le président Azali, la lutte contre l’impunité. Dans ce pays où le laxisme judiciaire est une seconde nature, la poursuite des auteurs de détournement des deniers publics, de corruption et d’atteinte à la sûreté de l’Etat est perçue comme un acharnement politique. Peut-être comprendront-ils plus tard qu’on ne peut demander l’instauration d’un Etat de droit et militer en même temps, comme dirait Macron, pour que ceux qui se rendent complices de délits et crimes se soustraient à la justice.
Le président Azali Assoumani a la conviction que seul un système judiciaire indépendant, crédible et respectueux des droits et libertés individuels universellement reconnus et protégés constitue la base d’un décollage économique vers une émergence réelle et pérenne.
Faiçoil Mohamed / Journal L’Hebdo
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