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Plus de 200 blessés dans les heurts entre pro et anti-Morsi au Caire

5 décembre 2012

Plus de 200 blessés dans les heurts entre pro et anti-Morsi au Caire

Des membres des Frères musulmans et supporters du président Morsi affrontent des opposants sur une route amenant au Palais présidentiel, au Caire le 5 décembre 2012 ©AFP

LE CAIRE (AFP) – (AFP)

Opposants et
partisans du président Mohamed Morsi se sont
affrontés mercredi à coups de cocktails molotov et
de jets de pierres lors de heurts devant la présidence
au Caire qui ont fait plus de 200 blessés et illustrent
la division d’un pays s’enfonçant dans la crise.

Il s’agit des pires violences depuis l’élection en juin
de M. Morsi, premier président islamiste d’Egypte qui
s’est attiré les foudres de l’opposition et d’une
partie de la magistrature pour s’être octroyé des
pouvoirs exceptionnels le 22 novembre.

Un journaliste de l’AFP a fait état de tirs de
chevrotine et de voitures incendiées, alors que le
ministère de la Santé a fait état de 211 blessés.

 Dans la soirée, les manifestants se trouvaient
toujours aux abords du palais présidentiel malgré
les appels à se retirer notamment du Premier ministre
Hicham Qandil et des Frères musulmans dont est issu le président.

La police
anti-émeutes a réussi à imposer un
cordon de sécurité entre les manifestants rivaux
devant le palais, mais des affrontements se poursuivaient
à coups de pierres dans les rues adjacentes.

Pour la deuxième journée consécutive, les
abords de la présidence dans le quartier cossu
d’Héliopolis ont été l’épicentre de la crise.

 A l’appel des Frères
musulmans, des milliers de personnes avaient
afflué vers le palais dans l’après-midi,
démantelant les tentes dans lesquelles de petits
groupes d’anti-Morsi avaient passé la nuit après
une manifestation massive de l’opposition mardi.

Des protestations ont aussi eu lieu en province, et des
opposants à M. Morsi ont saccagé et incendié
des locaux des Frères musulmans, dont M. Morsi est
issu, à Ismaïliya et Suez, dans le nord-est du pays.

Sur place, les témoignages des manifestants
traduisaient une société profondément
divisée, près de deux ans après la
révolte qui a fait tomber le régime de Hosni Moubarak.

« Une guerre qui va nous brûler »

« Nous
sommes ici pour la liberté, ils sont
là pour la violence », a dit à l’AFP un
anti-Morsi, Ali Gamal, 22 ans, avant de lancer des pierres
sur l’autre camp.

« C’est une guerre civile qui va tous nous
brûler », a déploré Ahmed Fahmy, 27 ans.

« Je suis ici pour défendre la démocratie, le
président a été désigné par les
urnes », a affirmé Waël Ali, un
quadragénaire pro-Morsi, alors que fusaient les slogans
« Le peuple soutient les décisions du
président » et « le peuple veut l’application de
la loi de Dieu ».

 L’opposition a de nouveau
exigé le retrait du décret élargissant les
pouvoirs de M. Morsi et l’annulation du référendum
du 15 décembre sur le projet de Constitution controversé.

Le pouvoir, de son côté, par la voix du
vice-président Mahmoud Mekki, a maintenu le
référendum sur ce projet accusé par
l’opposition de ne pas protéger certains droits
fondamentaux dont la liberté d’expression, et d’ouvrir
la porte à une application plus stricte de la loi islamique.

 L’imam d’Al-Azhar Ahmed al-Tayyeb, la plus haute
autorité islamique d’Egypte, a appelé les
Egyptiens à la retenue et au dialogue en déplorant
une situation « catastrophique », et trois conseillers
du président ont annoncé leur démission en
signe de protestation.

A l’étranger, l’Union européenne et la
Grande-Bretagne ont appelé aussi à la la retenue,
alors que les Etats-Unis ont plaidé pour le dialogue.

« Le régime perd sa légitimité »

La crise
a éclaté avec l’annonce d’un
décret du président renforçant ses pouvoirs
désormais placés au-dessus de tout recours judiciaire.

 Dans une conférence de presse avec l’ex-patron de
la Ligue arabe Amr Moussa et l’ex-candidat
à la présidence Hamdeen Sabbahi, qui
font partie du Front du salut national (FSN),
une coalition de l’opposition, Mohamed
ElBaradei, chef du FSN, a fait porter à M. Morsi
« l’entière responsabilité » des violences.

 « Le régime perd de sa
légitimité jour après jour », a-t-il
dit. »Nous sommes prêts au dialogue » mais
uniquement si le décret est retiré, a-t-il
ajouté, qualifiant le pouvoir de « répressif et autocratique ».

M. Morsi a affirmé
que ses pouvoirs élargis étaient
destinés à accélérer une
transition tumultueuse et souligné qu’ils étaient « temporaires ».

L’opposition accuse le président de dérive
autoritaire et le projet de Constitution d’avoir
été rédigé par et pour les islamistes.



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