
L’Arabie Saoudite, puissance économique mondiale et acteur majeur du monde musulman, entretient des relations diplomatiques avec de nombreux pays, y compris les Comores et l’île Maurice. Pourtant, la nature de ces relations diffère drastiquement selon les pays. Pendant que l’île Maurice obtient de l’Arabie Saoudite le financement de 750 logements sociaux, les Comores, pays pourtant musulman, se contentent de quémander des colis de viande et des dattes. Une situation qui illustre une diplomatie comorienne d’un niveau alarmant.
L’île Maurice, bien que non musulmane et majoritairement chrétienne et hindoue, sait négocier intelligemment ses relations avec l’Arabie Saoudite. Résultat : un projet immobilier d’envergure financé par Riyad, qui bénéficiera à des milliers de familles mauriciennes.
De l’autre côté, les Comores, pays musulman et historiquement proche de l’Arabie Saoudite, se voient offrir… des cartons de viande et des dattes. Certes, cette aide humanitaire a son importance pour les plus démunis, mais elle est éphémère et ne répond en rien aux véritables défis du pays : bidonvilles grandissants, infrastructures en ruine, chômage endémique.
Pourquoi un pays aussi riche que l’Arabie Saoudite investit-il dans des logements sociaux à Maurice et ne fait que de l’humanitaire aux Comores ? La faute ne revient pas à Riyad, mais aux autorités comoriennes.
Depuis les années 1980, la diplomatie comorienne s’est enfermée dans une logique de dépendance humanitaire vis-à-vis des pays du Golfe. Au lieu de négocier des investissements structurants, les gouvernements successifs ont préféré entretenir une relation de mendicité avec l’Arabie Saoudite.
Plutôt que de demander des routes, des hôpitaux, des écoles ou des logements sociaux, les Comores quémandent de la nourriture comme un pays en guerre ou frappé par une catastrophe naturelle. Cette vision archaïque de la diplomatie est l’une des raisons pour lesquelles les Comores stagnent économiquement, pendant que d’autres pays avancent.
L’Arabie Saoudite ne manque pourtant pas de moyens pour soutenir ses alliés. En plus de ses immenses réserves financières, le pays dispose d’une expertise technologique avancée et pourrait très bien aider les Comores à se moderniser. Pourquoi ne pas négocier un partenariat pour le développement des énergies renouvelables, du numérique, ou même du tourisme ?
L’île Maurice, en demandant des infrastructures et en obtenant des logements sociaux, prouve que ce n’est pas un manque de moyens de la part de l’Arabie Saoudite, mais bien un manque d’ambition des Comores.
Les dirigeants comoriens doivent cesser d’être passifs et adopter une approche diplomatique basée sur les investissements et le développement durable. Plutôt que de quémander des colis alimentaires, ils devraient négocier des projets qui auront un impact réel sur la vie des Comoriens. L’ex-président des Comores le révolutionnaire ALI soilih avait comme philosophie qu’on ne devrait jamais faire un don alimentaire à un individu qui est capable de travailler pour se nourrir lui-même. Il refusé donc que les dons alimentaires aillent aux personnes valides et en bonnes santé, car il considérait cela comme un poison pour la société comorienne.
Les Comores méritent mieux qu’une diplomatie de la mendicité. L’exemple de Maurice montre que négocier intelligemment avec l’Arabie Saoudite peut apporter des résultats concrets. Il est temps que les Comores quittent la table de l’aumône pour celle des nations qui construisent leur avenir.
ANTUF Chaharane
Réagissez à cet article