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Nouvelle audience dans le procès de Sevil Sevimli

L’étudiante lyonnaise Sevil Sevimli se présente de nouveau devant la justice turque à Bursa, ce lundi 19 novembre. Rappelons que cette jeune femme de 20 ans, étudiante en communication et en journalisme, est accusée d’ « appartenance à une organisation terroriste », en l’occurrence, le groupuscule révolutionnaire DHKP-C.

C’est la deuxième audience depuis l’ouverture du procès en septembre, où Sevil s’était vu refuser le droit de quitter le territoire turc. Elle n’a donc pas pu effectuer sa rentrée universitaire, prévue à Lyon, après une année passée à la fac de communication d’Eskisehir en Turquie, dans le cadre du programme d’échange européen Erasmus. Partie en Turquie pour découvrir le pays de naissance de ses parents, dont elle ne connaissait que le petit village familial dans la province orientale de Maras, une région peuplée de Kurdes alévis, elle y est maintenant retenue contre son gré, avec sa mère et son petit frère.

Le père de Sevil et les membres de son comité de soutien, dans la région lyonnaise. Photo AFP

Le ministre turc de la Justice, Sadullah Ergin, assure à ses interlocuteurs que la justice détient « des preuves ». L’acte d’accusation sonne pourtant bien creux. Sont retenues comme « preuves » contre elle sa participation au défilé légal du 1er-Mai, à Istanbul, à un concert de Grup Yorum, un groupe de musique turc aux idées politiques proches de l’extrême gauche alévie (dont est issu le DHKP-C), sa présence à la projection d’un film, légal, sur Güler Zere, militante décédée d’un cancer après une longue détention, etc. La police a retrouvé dans sa chambre d’étudiante des livres de Lénine et de Karl Marx, interdits en Turquie depuis la junte militaire au début des années 1980. Cela suffit à la faire accuser de liens avec l’organisation clandestine du DHKP-C. Elle risque jusqu’à trente-deux ans de prison.

La double nationalité française et turque de Sevil Sevimli, et la pression des autorités françaises a permis à l’accusée de bénéficier d’une libération après trois mois de détention. D’autres étudiantes, arrêtées en même temps qu’elle, n’ont pas bénéficié de cette « clémence ». Le sort de Sevil a ému en France : son université l’a soutenue depuis le début de l’affaire. Le conseil régional de Rhône-Alpes lui a fourni un avocat. La députée européenne (EELV) Hélène Flautre, coprésidente de la commission UE-Turquie au Parlement européen lui a rendu visite la semaine dernière. Précédée de quelques jours par la sénatrice (PS) des Hautes-Pyrénées Josette Durrieu, secrétaire de la commission pour le respect des obligations et engagements des Etats membres du Conseil de l’Europe et proche du ministre des affaires étrangères Laurent Fabius…

« A l’occasion de ma mission de suivi des engagements de la Turquie devant le Conseil de l’Europe, j’ai naturellement abordé tous les problèmes liés au respect des droits fondamentaux et des libertés individuelles dans ce pays. A cette occasion, et de façon tout à fait particulière, j’ai souhaité rencontrer la jeune étudiante franco-turque et kurde qui a fait l’objet d’une arrestation et d’un emprisonnement de quelques mois, d’une remise
en liberté conditionnelle, et dont le procès aura lieu le 19 novembre 2012. C’est d’ailleurs l’éditorial du Monde daté du 29 juin 2012, qui lui était consacré, qui m’avait alertée sur ce cas« , nous écrit Josette Durrieu après sa visite.

« En l’état, poursuit-elle, on peut replacer cette affaire concernant une étudiante dotée d’une bourse Erasmus, et suivant une formation en communication-journalisme, dans l’expression d’un enthousiasme quelque peu imprudent dans ce pays. Cela l’a amenée à participer à des manifestations qui n’étaient pas illégales, mais qui, en l’occurrence, seraient de nature à montrer l’absence de liberté d’expression et de manifestation en Turquie. Je note, aussi, la brutalité du processus judiciaire quand on apprend que le procureur général requiert trente-deux ans de prison ! Ce cas illustre l’objet des revendications de tous les défenseurs des droits de l’homme dans ce pays. Je m’en suis entretenue personnellement, et dans les mêmes termes, avec le ministre de la justice et le président de la République, qui veillera personnellement à l’évolution de ce dossier. Cette affaire pourrait encore se conclure de façon dramatique. »



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