
Depuis quelque temps, les témoignages se multiplient à Mayotte au sujet d’aides envoyées depuis l’archipel voisin des Comores : des vivres, des produits de première nécessité et du matériel qui, selon de nombreuses vidéos et récits, ne parviendraient pas aux populations qui en ont le plus besoin. Plusieurs personnes affirment en effet que la majeure partie de ces colis se retrouverait entreposée dans des zones privilégiées, comme Dzaoudi, où résident fonctionnaires et familles de militaires, tandis que les quartiers précaires seraient laissés pour compte. Cette situation soulève des soupçons de détournement d’aide et alimente un climat de défiance chez les Mahorais qui peinent à savoir si une partie significative de l’aide est effectivement distribuée ou non.
La thèse d’un trafic organisé circule également, appuyée par des vidéos montrant, parfois de manière floue, des containers pris d’assaut à leur arrivée. Certains habitants dénoncent des individus qui se serviraient en amont pour ensuite revendre la marchandise sur le marché noir, parfois à des prix exorbitants. Les bougies, un produit pourtant basique, atteindraient ainsi 7 ou 10 euros dans certains commerces. Pour beaucoup, cela relève d’une spéculation indécente, surtout quand on sait la précarité qui touche une grande partie de la population. Des commerçants sont parfois pointés du doigt : ils profiteraient d’une situation de rareté pour augmenter leurs tarifs de façon démesurée et engranger des bénéfices rapides.
Face à ces accusations, les autorités locales et la Préfecture de Mayotte doivent sensibiliser les populations en leur expliquant que souvent l’organisation de la distribution de l’aide est complexe, notamment dans un contexte de crise où la demande explose. Des ONG et associations doivent apporter plus de clarté en réalisant des enquêtes de terrain et en alertant les médias lorsque des dysfonctionnements sont constatés.
Une partie de la population est méfiante, trouvant incohérent de voir des opérations de solidarité si médiatisées alors même que de nombreuses familles disent ne jamais recevoir quoi que ce soit.
Au cœur de cette polémique, la question de la transparence est essentielle. Les Mahorais aimeraient comprendre comment sont stockées et acheminées les aides, qui en décide la répartition et pourquoi certains semblent y avoir accès avant d’autres. Dans ce type de crise, la vigilance citoyenne s’avère primordiale. Filmer, documenter et surtout signaler aux autorités compétentes tout comportement suspect (vente illicite, rétention de colis, etc.) est un moyen de lutter contre de potentielles dérives. La mobilisation des associations, des journalistes locaux et des organisations humanitaires demeure également un levier efficace pour réclamer davantage de clarté et mettre fin à des pratiques injustes, si elles sont avérées.
Au-delà de la controverse, il est important de rappeler que nombre de Mahorais tentent simplement de survivre dans un contexte difficile, entre manque d’eau, coupures d’électricité, et difficultés d’accès aux services essentiels. Pour eux, chaque soutien compte et l’arrivée de l’aide humanitaire devrait être une bouée de sauvetage plutôt qu’un sujet de discorde. Reste à savoir si la pression citoyenne et le travail des associations parviendront à garantir une distribution équitable et à faire cesser les supposés détournements, afin que la solidarité profite réellement à ceux qui en ont le plus besoin.
ANTUF Chaharane
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