Le communiqué d’André Rougé, député au Parlement européen, illustre une posture politique crispée qui occulte les vérités historiques et les aspirations légitimes des Comores. En dénonçant les propos du président comorien Azali Assoumani, ce texte cherche à s’accrocher à une souveraineté française sur Mayotte, arrachée en 1841 dans un contexte colonial. Pourtant, la revendication comorienne, réaffirmée lors du forum MEDays, s’appuie sur des principes de droit international. Les exemples des îles Chagos et du Sahara occidental, cités par Azali, démontrent que les peuples spoliés aspirent à recouvrer leurs droits.
Mayotte, séparée des Comores en 1974 par un référendum controversé, constitue un cas d’exception dans le processus de décolonisation reconnu par l’ONU. Depuis 1975, cette organisation classe Mayotte comme une île comorienne occupée, un fait que le communiqué ignore sciemment. Au lieu d’examiner ces enjeux sous un prisme diplomatique, André Rougé adopte une rhétorique nationaliste et populiste, en se focalisant sur les défis migratoires et sécuritaires. Ce discours ne fait qu’instrumentaliser les tensions locales pour légitimer une position historique indéfendable.
Accuser le régime comorien de corruption et d’échec revient à ignorer les responsabilités de la France dans l’appauvrissement structurel des Comores, amplifié par une politique migratoire violente. Les visas Balladur, instaurés en 1995, ont transformé la traversée entre Anjouan et Mayotte en un drame humanitaire récurrent.
Soutenir les propos d’Azali, c’est défendre un processus de décolonisation inachevé et appeler à une relation respectueuse entre Mayotte, île comorienne et les autres île des Comores. Plutôt que d’alimenter une vision paternaliste, la France gagnerait à engager un dialogue sincère avec les Comores. L’histoire ne peut être effacée par des panneaux à Mamoudzou ; Mayotte est et restera une île comorienne.
Misbah Said
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