
Le bateau Maria Galanta, unique navire autorisé à effectuer les liaisons maritimes entre Mayotte et les îles voisines des Comores, se retrouve sous le feu des critiques après le passage du cyclone Chido, qui a frappé Mayotte le 14 décembre dernier. Bien que ce bateau ait joué un rôle essentiel dans le transport de l’aide humanitaire et l’évacuation de personnes, la gestion tarifaire de ses propriétaires est vivement dénoncée par les habitants, qui y voient une tentative de profiter de la détresse de la population.
Pendant la crise, l’État comorien a loué le Maria Galanta pour transporter l’aide humanitaire vers Mayotte. De son côté, l’État français a utilisé le même navire pour permettre aux habitants de quitter gratuitement l’île en direction des îles voisines. Pourtant, en dépit de son rôle central dans la gestion de la catastrophe, le Maria Galanta n’a fait preuve d’aucune initiative solidaire à destination de la population. Au contraire, les tarifs ont été augmentés de manière significative, passant de 300 euros à 365 euros l’aller-retour, auxquels s’ajoutent des pénalités pouvant atteindre 70 euros. Cette hausse des prix a suscité une vague d’indignation chez les usagers, pour qui ce transport est une nécessité.
Outre l’augmentation des tarifs, les passagers doivent également faire face à des conditions de voyage peu avantageuses. Le Maria Galanta n’autorise que 40 kg de bagages par passager, une limite bien inférieure à celle pratiquée par les compagnies aériennes, qui offrent en général une franchise de 46 kg (soit deux colis de 23 kg). Résultat : la plupart des passagers se retrouvent contraints de payer des frais supplémentaires pour excédent de bagages, augmentant encore davantage le coût déjà élevé du trajet.
Le prix du trajet maritime entre Mayotte et Anjouan devient d’autant plus problématique lorsqu’il est comparé aux tarifs aériens. Un billet aller-retour en avion entre Dar es-Salam et les Comores, couvrant une distance bien plus importante, revient aujourd’hui moins cher que le trajet en bateau entre Mayotte et Anjouan, deux îles séparées par seulement quelques kilomètres. Cette situation met en lumière un déséquilibre criant, amplifié par l’absence de concurrence sur cette route maritime.
Le Maria Galanta est depuis longtemps le seul navire autorisé à assurer cette liaison maritime essentielle, ce qui lui confère un monopole de fait. Cette position dominante lui permet de fixer librement ses tarifs sans craindre la concurrence. Si ce monopole était auparavant toléré, il devient aujourd’hui insupportable pour une population durement frappée par la catastrophe et contrainte de voyager dans des conditions peu avantageuses à des tarifs exorbitants.
Face à cette situation, de nombreuses voix s’élèvent pour demander une régulation des prix et des conditions de transport sur cette route maritime cruciale. Les habitants réclament une intervention des autorités locales et internationales pour mettre fin à ces pratiques jugées abusives et garantir un accès équitable au transport entre les îles.
Le cas du Maria Galanta illustre une problématique plus large : celle de la régulation des services essentiels en situation de monopole. Alors que la population de Mayotte et des Comores tente de se reconstruire après le passage du cyclone, il est urgent que des mesures soient prises pour éviter que des intérêts privés ne tirent profit d’une situation de crise au détriment des plus vulnérables.
SAID Hassan Oumouri
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