
Antananarivo
La situation politique à Madagascar connaît un nouveau tournant. Dans la nuit de samedi à dimanche, l’ancien Premier ministre Christian Ntsay et l’homme d’affaires Mamy Ravatomanga, proche du pouvoir, ont quitté précipitamment le pays à bord d’un vol privé à destination de l’île Maurice.
Le gouvernement mauricien a confirmé leur arrivée, précisant que le vol initialement refusé à La Réunion avait atterri à 1h du matin à l’aéroport de Port-Louis.
Ces départs précipités de deux figures centrales du régime accentuent les soupçons d’effondrement du pouvoir à Antananarivo.
Depuis, tous les regards se tournent vers le président Andry Rajoelina, dont la disparition médiatique alimente les rumeurs d’une fuite.
Aucune apparition publique, aucun message vidéo, aucune preuve récente de sa présence sur le territoire n’a été diffusée.
La présidence a bien publié un communiqué officiel, affirmant que le chef de l’État “se trouve toujours à Madagascar” et qu’il “continue d’exercer ses fonctions”.
Mais pour beaucoup, le doute persiste.
Une armée fracturée et un pouvoir fragilisé
Le ministre des Armées, Manantsoa Deramasinjaka Rakotoarivelo, a reconnu dimanche la nomination d’un nouveau chef d’état-major, le général Démosthène Pikulas, désigné par l’unité militaire CAPSAT, qui a rejoint le camp des manifestants.
“Je lui donne ma bénédiction”, a déclaré le ministre, scellant de fait une division ouverte au sein des forces armées.
Dans les rues d’Antananarivo, la tension reste palpable.
Les partisans du mouvement Gen Z Madagascar, fer de lance de la contestation, continuent de mobiliser la jeunesse contre la corruption et la mauvaise gouvernance.
Des patrouilles policières sillonnent la capitale tandis que les médias publics diffusent d’anciennes images du président, alimentant davantage la confusion.
Un pouvoir en silence
Pour l’heure, aucune source fiable n’a confirmé que le président Rajoelina a quitté le pays, mais aucune preuve tangible n’atteste non plus de sa présence.
Entre les rumeurs persistantes de fuite, la rébellion militaire et le silence officiel, Madagascar semble suspendue dans l’incertitude, avec un pouvoir en apparence encore en place, mais dont le visage reste invisible.
ANTUF Chaharane
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