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Lettre ouverte à Madame la gouverneure de l’Ile autonome de Ngazidja

Madame la gouverneure,

Vous avez, à plusieurs reprises, exprimé la volonté de tout mettre en œuvre pour lutter contre les viols et agressions sexuelles. Nous ne doutons pas de votre engagement, mais nous attendons des actes concrets.
Car, vous n’êtes pas sans savoir, qu’aucun jour ne passe, sans qu’un viol pour mineurs ne soit commis dans notre pays. Vous n’êtes pas sans savoir que malgré les dénonciations, ces viols ont atteint un niveau inégalé. Vous n’êtes pas sans savoir, enfin, que des pédophiles condamnés par la justice sont toujours en liberté et que la loi Mourad relative aux actes de viols, n’est toujours pas appliquée.
Ce sombre tableau nous invite à faire un examen de conscience sur la responsabilité d’un Etat qui n’arrive pas à protéger ses propres enfants contre les prédateurs sexuels. Il pose surtout la question sur le modèle de société que nous souhaitons léguer aux futures générations.
C’est à ce titre que nous avons décidé de nous adresser à vous.
Nous avons décidé de nous adresser à vous, car les principales victimes de la barbarie qui nous révolte sont d’abord nos filles et que leurs souffrances ne doivent pas vous laissez indifférent.
Nous avons décidé de nous adresser à vous, car nous osons croire que la mère de famille que vous êtes, comprend mieux que quiconque la douleur morale, physique et psychique d’une femme ou un enfant victime d’abus sexuel ou viol.
Madame la gouverneure,
Notre pays n’a jamais connu autant d’actes odieux et abjects en si peu de temps. Il n’a jamais été saisi à autant de doute et d’indignation.
Nous sommes arrivés à un stade où ce fléau qui ravage notre société, se banalise, s’enracine au mépris d’innombrables victimes contraintes souvent au silence, par peur de ne pas être crues ou par honte d’être pointées du doigt.
Vos déclarations et vos initiatives au côté de la première Dame sont salutaires. Nous regrettons cependant, qu’elles ne soient pas suivi d’effet, alors que les viols et les agressions sexuelles s’intensifient.

Le combat contre ce fléau ne peut se gagner à reculons. Il faut d’une part, une réelle détermination de tous les acteurs de terrain pour sensibiliser, prévenir et protéger les enfants à risque. D’autre part, une volonté politique pour renforcer l’arsenal juridique afin de mieux l’adapter aux évolutions de la société, tout en veillant à l’application stricte des lois.
Pour y parvenir, il faut, en bonne intelligence, établir avec les communes et les associations un cadre travail de proximité basé sur la prévention. C’est ainsi que nous pouvons sérieusement sauver des victimes potentielles et empêcher des pédophiles en devenir.
La sanction est indispensable. Elle doit être à la fois ferme et exemplaire, mais elle ne repart pas une vie briser à jamais et n’offre en rien une garantie pour la récidive.
C’est pourquoi, une politique de prévention à l’échelle nationale reste de loin, la solution la plus efficace pour endiguer ce fléau.
Les pédophiles sont partout dans nos maisons, nos quartiers. Ce sont souvent des proches parents et des amis. Ils sont donc difficilement identifiables avant le passage à l’acte.
On aura beau crié, plus fort encore, mais en l’absence d’une volonté partagée entre les gouvernants et les acteurs de terrain, nous n’y arriverons jamais. Toute action fondée sur une démarche verticale risque d’être contre productive.
La seule politique qui vaille pour lutter efficacement contre cet ennemi commun, c’est de fédérer le monde associatif dans sa diversité et les élus locaux pour faire de la lutte contre ce fléau, non pas une priorité, mais la priorité des priorités.
Comptant sur votre détermination, nous vous prions de croire en notre haute considération.

ABDOU Sitti
Présidente de l’association RI-LAMHA

19, rue de Paradis – 75019 Paris
E-mail : ri_lamha@yahoo.com

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