Moroni, 21 juillet 2025 – Dans un verdict aussi symbolique que rare, le tribunal criminel de Moroni a condamné à mort Mikiro, reconnu coupable du meurtre prémédité d’Hikima Ahamada. Une décision qui ravive une question brûlante : la peine de mort est-elle en train de faire son retour aux Comores ?
Le procès, suivi avec passion par une opinion publique bouleversée, s’est conclu par la peine la plus lourde du code pénal comorien. Mikiro, accusé d’avoir attiré Hikima dans un véhicule avant de l’agresser avec du gaz lacrymogène, puis de l’étrangler, a été jugé coupable sans circonstance atténuante. La cour a estimé que l’acte était d’une violence extrême, prémédité et impardonnable.
Le parquet avait requis la peine capitale, une requête inhabituelle, mais qu’il a justifiée par la gravité du crime et le choc provoqué dans la société. Le tribunal a suivi cette ligne, rendant une sentence rarement prononcée dans la justice comorienne contemporaine.
Dans un geste bouleversant, la mère de Mikiro avait elle-même appelé à la condamnation de son fils, exprimant honte et solidarité avec la famille de la victime. « Il doit payer », a-t-elle déclaré publiquement, déclenchant une vague d’émotion à travers le pays.
Mais ce verdict ne fait pas que satisfaire un besoin de justice. Il ouvre un débat national : la peine de mort, largement suspendue dans la pratique depuis des années, va-t-elle redevenir un outil judiciaire actif ?
Les défenseurs des droits humains s’inquiètent. Certains rappellent que le droit à la vie est inaliénable, même pour les pires criminels. D’autres estiment au contraire que ce verdict est un signal fort face à l’augmentation des violences graves dans le pays.
Mikiro peut encore faire appel, mais s’il ne le fait pas, il deviendra l’un des rares condamnés à mort dont la peine pourrait être exécutée. Le président de la République devra alors trancher, car seule une grâce présidentielle pourrait suspendre l’exécution.
Un moment charnière pour la justice comorienne
Ce procès dépasse le simple cadre judiciaire : il devient un test pour la société comorienne, son rapport à la justice, à la douleur, et à la vengeance.
La peine de mort est-elle vraiment de retour ?
Ou s’agit-il d’un cas d’exception, provoqué par l’horreur d’un crime impardonnable ?
Le débat est désormais ouvert.
ANTUF Chaharane


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