
Un constat alarmant dressé par l’association Anticor et conforté par les données officielles de l’Agence française anticorruption (AFA) et du ministère de l’Intérieur.
La Réunion et Mayotte se hissent tristement en tête des régions les plus touchées par la corruption en France. C’est ce qu’affirme Jean-Émile de Bollivier, référent Anticor pour ces deux départements d’outre-mer, à l’appui des derniers chiffres publiés par l’Agence française anticorruption (AFA) et le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI). Un constat sans appel, où les atteintes à la probité se banalisent, s’installant de génération en génération.
Une corruption structurelle et enracinée
À La Réunion comme à Mayotte, les affaires se succèdent, souvent sans suite judiciaire. « On retrouve à Mayotte ceux qui ont été condamnés à La Réunion », déplore Jean-Émile de Bollivier, pointant du doigt une culture de l’impunité. Les mécanismes de favoritisme, les détournements de fonds publics et les conflits d’intérêts gangrènent les institutions locales, parfois avec la complicité passive de l’administration.
L’association Anticor, qui milite pour la transparence de la vie publique, observe depuis des années une passivité inquiétante des pouvoirs publics face à ce fléau. « On est corrompus de génération en génération », résume de manière cinglante le représentant d’Anticor.
Un rapport édulcoré par rapport à la réalité du terrain
Si l’AFA a récemment publié un rapport sur les atteintes à la probité, celui-ci serait, selon Anticor, en dessous de la réalité vécue sur le terrain. L’association critique un document trop technique, qui ne rend pas compte de l’ampleur et de la gravité des pratiques illégales dans les collectivités locales.
« On fait tout pour étouffer les affaires », accuse Jean-Émile de Bollivier, évoquant un système où les lanceurs d’alerte sont isolés, les dossiers enterrés, et les citoyens découragés de porter plainte. Même lorsque les preuves sont accablantes, la justice tarde à se saisir des dossiers.
Une tendance nationale inquiétante
À l’échelle nationale, les atteintes à la probité sont en nette augmentation. En 2024, elles ont bondi de 58 % par rapport à 2023, avec plus de 2 000 infractions recensées, selon le SSMSI. Cela concerne aussi bien les élus que les agents publics ou les responsables de la sécurité.
Face à cette explosion des chiffres, Anticor appelle à une réponse politique ferme et à des moyens renforcés pour les juridictions financières.
Des dossiers sensibles à La Réunion
Certains dossiers sont particulièrement suivis par Anticor à La Réunion, notamment celui concernant les irrégularités dans la gestion du SDIS (service départemental d’incendie et de secours) et celui de la mairie de Saint-Benoît. Anticor interpelle les autorités judiciaires et appelle à plus de transparence et de sanctions exemplaires.
Un appel à la mobilisation citoyenne
Pour l’association, seule une mobilisation collective permettra de sortir de l’omerta. « Il faut du courage politique, une justice indépendante et des citoyens vigilants », conclut Jean-Émile de Bollivier.
IBM
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