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Interview exclusive : « La liberté d’expression aux Comores est en danger »

Journaliste – Comoresinfos : Monsieur Ali Abdou Mkouboi, vous avez récemment réagi à l’interpellation de Karim Ahmed Miradj, connu sous le nom d’Abilisse. Pourquoi cet événement vous inquiète-t-il autant ?

Ali Abdou Mkouboi : Parce que c’est un signal extrêmement inquiétant pour la liberté de la presse dans notre pays. Comment peut-on arrêter un journaliste dont la mission est d’informer le public, puis lui imposer de signer une décharge l’empêchant d’exercer jusqu’à l’obtention d’une carte de presse délivrée par la CNPA ? Cet organisme dépend directement d’un gouvernement autoritaire. Cela revient à dire que le pouvoir décide qui peut parler et qui doit se taire.

Ci : Certains estiment que cette exigence de carte de presse vise à « professionnaliser » la pratique du journalisme. Que répondez-vous à cela ?

Ali Abdou Mkouboi : C’est un faux prétexte. La carte de presse ne doit jamais être utilisée comme une arme pour museler ceux qui informent. Dans les démocraties, elle sert à faciliter l’accès aux sources et aux événements officiels, pas à conditionner l’exercice même du métier. Ce qui se passe aujourd’hui est une dérive dangereuse.

CI : Vous évoquez dans votre déclaration un épisode personnel remontant à 2018. Pouvez-vous nous en parler ?

Ali Abdou Mkouboi : Oui, cela me ramène à une période douloureuse. À l’époque, j’étais employé à Radio Kaz et la gendarmerie nationale m’avait ordonné de cesser toute activité journalistique. J’ai refusé catégoriquement, car céder aurait signifié renoncer à un droit fondamental. Aujourd’hui, je constate avec tristesse que rien n’a changé.

CI : Quel message souhaitez-vous adresser aux autorités et à vos confrères ?

Ali Abdou Mkouboi : J’en appelle au Syndicat national des journalistes et à toutes les instances compétentes pour qu’elles prennent très au sérieux cette dérive autoritaire. Il est urgent de trouver une solution pour mettre fin à ces intimidations répétées contre le journalisme comorien. Défendre la liberté d’expression, c’est défendre la démocratie elle-même.

En 2016, une maman a déposé une importante quantité d’or à La Meck Moroni en garantie d’un prêt. Après avoir intégralement remboursé ce prêt, l’or aurait dû lui être restitué, mais il a été volé. L’institution a reconnu sa responsabilité, mais depuis, elle garde un silence troublant. Aucun geste de réparation n’a été fait. Méfiez-vous : cette structure n’est pas digne de confiance.

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