
Récemment, aux Comores, un homme a été humilié en public après avoir été surpris en train de manger pendant le mois de Ramadan. Vêtu de haillons, il a été exhibé à travers la ville, victime d’un rituel traditionnel censé punir son acte. Cette scène, choquante pour certains, soulève une question fondamentale : pourquoi l’indignation collective se manifeste-t-elle avec tant de vigueur contre les individus considérés comme faibles, tandis que ceux qui commettent des crimes bien plus graves, comme la corruption et les abus sexuels, sont souvent épargnés ?
Dans un pays où des politiciens détournent des fonds publics en toute impunité, où des notables sont accusés d’abus sur des mineurs sans être inquiétés, et où des injustices systémiques persistent, il est légitime de se demander pourquoi la morale sociale semble à géométrie variable. Pourquoi choisit-on d’exposer publiquement un homme qui ne jeûne pas, alors que les véritables criminels évoluent librement, protégés par leur statut et leur pouvoir ?
Cette réalité reflète une société où la justice populaire s’abat avant tout sur ceux qui n’ont ni pouvoir ni influence. Un jeune homme mangeant en plein Ramadan est immédiatement condamné et humilié, tandis que les élites corrompues et les prédateurs sexuels continuent de jouir de leur impunité. Cette inégalité dans l’application des valeurs morales ne trahit-elle pas une forme de lâcheté collective ?
Plutôt que de s’acharner sur les plus vulnérables, ne serait-il pas temps d’orienter cette indignation vers ceux qui détruisent réellement notre société ? Une morale véritablement juste ne devrait-elle pas s’appliquer à tous, sans distinction de statut ou de pouvoir ?
Said Hassan Oumouri
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