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Hayda Nourdine Sidi : «Nous allons réorganiser le parlement»

Fraichement élue dans sa circonscription de la capitale de Mutsamudu, Hayda Nourdine Sidi est la première femme comorienne occupant le poste de vice-président de l’assemblée nationale, votée par ses collègues et est membre de la commission des lois. A travers l’interview accordée à Al-fajr, l’ancienne militante de la cause de la femme et de l’enfant a insisté sur la réorganisation du parlement comorien.

Vous êtes fraichement votée député de Mutsamudu Anjouan, fief de l’ancien Rais, quel parcours vous a permis de réussir ce challenge au-delà du parti Crc qui vous a désigné ?

C’est vrai que c’était un sérieux défi. Tout le monde sait que c’est le fief de Sambi, mais le choix porté sur moi pour représenter le parti n’était pas aussi un hasard. J’ai toujours été sur le terrain depuis mon jeune âge pour des actions humanitaires. Je venais en aide aux personnes vulnérables, notamment les handicapés, les enfants et les vieilles personnes, bref, les personnes nécessiteuses. J’ai un long parcours de militante de la société civile, je me préoccupe des questions liées aux inégalités sociales, la promotion de la femme et la protection de l’enfant. Vous noterez que de 2008 à 2011, j’ai occupé le poste de directrice régionale du genre à Anjouan et très vite nommée directrice nationale dans le même domaine avant même d’être remplacée (2011 à 2013). Ensuite, on m’a confiée le poste de secrétaire générale de la coordination de l’Union à Anjouan de 2013 à 2016. Entre temps, j’ai servi comme chargée des femmes victimes de violence au service d’écoute, puis présidente nationale de la plateforme nationale de la lutte contre le violences faites aux femmes et aux enfants avant ma nomination à la fonction de secrétaire générale adjointe du ministère de la santé de l’Union en 2019. Encore, faut-il retenir que je défendais les mêmes causes et ce n’est pas un miracle si je suis actuellement arrivée à l’Assemblée nationale.

Comment alors conciliez-vous votre parcours de femme de terrain (de la société civile) et votre nouvelle fonction presque politique ? Pas de risque d’abandonner votre combat ?

Je trouve que je suis arrivée au sommet pour mieux répondre aux préoccupations que j’ai toujours défendues quand j’étais sur le front au coté de la société civile. Retenez que pendant la période d’engagement de militantisme et les postes que j’ai occupés au niveau du gouvernement comorien, mon pouvoir était toujours limité. Je ne pouvais pas franchir certaines étapes pour solutionner de manière efficace les problèmes ayant rapport avec les violences et la cause des vulnérables. Au parlement, je serai mieux armée et j’estime pouvoir influencer les décisions qui vont aider à sortir du poids de la violence. Etant membre du Fem Wise de l’Union africaine dont la mission est la médiation sociale, la sécurité, je trouverai les voix et moyens pour concilier pouvoir législatif et le social. Un pays a besoin des lois pour l’ordre et tout commence au parlement. Je remercie d’ailleurs la confiance accordée par mes collègues de me voter première femme vice-présidente du parlement comorien.

Justement, vous faites partie de la commission de lois constitutionnelles, de la religion et de l’administration publique, quelles sont vos priorités entant que députée ?

A notre prise de fonction, nous avons constaté qu’il y a beaucoup de lois votées et non promulguées qui sont pourtant importantes et dont beaucoup d’entre elles relèvent de la priorité du pays. Avec mes collègues nous allons pousser jusqu’à leur promulgation. Il y a également celles votées, promulguées et non appliquées. Nous avons l’obligation (étant représentant du peuple) de jouer le rôle de contrôle et d’interpeller les autorités compétentes à l’application de celles-ci. Personne ne doit être au-dessus des lois, les sanctions peuvent tomber.

A peine pris vos fonctions, avez-vous pris le temps de vous préoccuper de la crise du Covid-19 que traverse le monde ?

Bien sure. Nous avons déjà sollicité recevoir les autorités compétentes pour échanger sur l’état de lieu, contrôler la fiabilité des kits, la justification sur le zéro cas avéré et la prévention. Et même pour l’éducation, savoir ce que prévoit le ministère de l’éducation pour les examens nationaux et les cours en ligne. Pour l’économie, savoir si le pays sera en mesure de s’auto-suffire en alimentation et garantir l’eau et l’électricité. D’ailleurs chaque député interviendra dans sa circonscription pour sensibiliser sur le respect des mesures de prévention.

Votre dernier mot

Notre pays tend vers l’émergence dont tout le monde doit apporter sa contribution et nous parlementaires, nous nous donnons la mission de réorganiser l’institution et établir un rapport conciliant entre pouvoirs exécutif et législatif, et faire enterrer la hache de guerre qui freine tout. Le pays a besoin de tous ses enfants pour se relever et mieux décoller pour l’émergence.

Propos recueillis par S.A.C / Al-fajr

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