Un nouvel incident politique a éclaté vendredi 19 septembre 2025 à Anjouan. Une réunion privée organisée par l’opposition comorienne, destinée à sensibiliser la population au respect de la présidence tournante prévue pour 2029, a été violemment interrompue.
Selon plusieurs témoignages et des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, des individus présentés comme proches du parti au pouvoir, le CRC (Convention pour le Renouveau des Comores), se sont introduits de force dans un hôtel où se tenait la rencontre. Ils auraient empêché la tenue du rassemblement, suscitant de vives réactions au sein de l’opinion publique.
La tournante au cœur des tensions
La tournante présidentielle est un principe fondateur des institutions comoriennes, instauré par les Accords de Fomboni (2001) pour garantir l’alternance et l’équilibre entre les îles de l’Union : Grande Comore, Anjouan et Mohéli.
Or, la Constitution de 2018, voulue par le président Azali Assoumani, a profondément modifié ce mécanisme. Elle a permis à Azali, originaire de la Grande Comore, de briguer de nouveaux mandats consécutifs. Après sa réélection en 2019, puis en 2024, l’opposition estime que son camp pourrait chercher à prolonger son emprise sur le pouvoir, au détriment d’Anjouan qui devrait logiquement accéder à la présidence en 2029.
Une opposition sous pression
En se rendant à Anjouan, les leaders de l’opposition souhaitaient « conscientiser » la population sur la nécessité de rester vigilante face à une éventuelle remise en cause de la tournante. Mais leurs initiatives sont de plus en plus entravées.
Bien que la Constitution reconnaisse officiellement le statut de l’opposition, dans les faits, les autorités locales limitent souvent leurs libertés de réunion et d’expression. Pendant que les membres du gouvernement et du parti au pouvoir disposent d’un accès régulier à l’espace public, les opposants voient leurs rassemblements interdits ou dispersés, même lorsqu’ils se tiennent dans des lieux privés.
Un climat politique fragile
L’épisode du 19 septembre confirme les tensions croissantes autour de la question de la tournante. Pour de nombreux observateurs, toute tentative de modification constitutionnelle avant 2029 pour empêcher le passage d’Anjouan à la présidence pourrait rallumer les braises des crises politiques et séparatistes qui ont marqué l’histoire récente des Comores.
L’opposition appelle désormais la communauté nationale et internationale à rester attentive au respect de ce mécanisme institutionnel, présenté comme une garantie d’équilibre et d’unité entre les îles.
ANTUF Chaharane


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