
Alors que l’on croyait avoir tourné la page du différend maritime entre les Comores et Madagascar, la réalité sur le terrain démontre tout le contraire. Trois semaines après avoir obtenu une autorisation exceptionnelle d’accostage à Mutsamudu et Moroni, plusieurs navires malgaches restent toujours bloqués dans les ports comoriens, sans permission de reprendre la mer.
Les armateurs malgaches, opérant sur la ligne Mahajanga-Comores, ne cachent plus leur frustration. Malgré une note de l’Agence nationale des affaires maritimes (ANAM) justifiant l’accostage pour des « raisons humanitaires », les navires n’ont pas obtenu l’autorisation de repartir. À Moroni, le silence est assourdissant. Les sollicitations adressées aux autorités restent sans réponse.
Le 30 mars, trois navires malgaches avaient déjà été contraints d’attendre plus de 24 heures pour accoster, illustrant l’ambiguïté persistante des relations maritimes entre les deux pays. Depuis, les frais de séjour portuaire s’accumulent et les équipages restent dans l’incertitude. « Nous ne savons plus quoi faire. Nous avions mis nos espoirs dans le Conseil des ministres, mais la réunion a été annulée », confie le commandant d’un navire à Moroni.
Pendant que les autorités comoriennes restent muettes, à Madagascar, la tension monte. À Mahajanga, les acteurs du secteur maritime – armateurs, chargeurs, collecteurs et manutentionnaires – ont adressé une lettre au gouvernement malgache, appelant à une médiation rapide. Ils déplorent le manque de clarté et de coopération, malgré la décision du Conseil des ministres malgache du 6 mars dernier d’autoriser la reprise officielle des liaisons maritimes.
Pour les opérateurs malgaches, cette situation ne peut plus durer. Elle aggrave l’impact économique de sept mois de paralysie, en particulier dans la région de Boeny. Ils espèrent une réaction rapide des autorités de part et d’autre pour trouver une solution équilibrée. Mais pour l’instant, à Moroni, c’est le silence radio.
Said Hassan Oumouri
Réagissez à cet article