Petit pays, petits moyens. Les Comores sont quasi impuissantes face au réchauffement. Le salut? Un bon accord.
Une table basse, un canapé deux places, une machine à café, un ordinateur, une station météo automatique, un pluviomètre… Le pavillon des Comores à la COP21 fait dans la sobriété. Face à son homologue français et voisin de celui des pays du Golfe, 1.000 m² chacun, difficile de soutenir la comparaison. Qu’importe, la petite république de l’océan Indien – à peine 800.000 habitants –, dont le président s’est fait remarquer lundi au Bourget lors de la traditionnelle photo de famille des chefs d’État en masquant la poignée de main « historique » entre Mahmoud Abbas et Benyamin Netanyahou, est bien là.
« Avec le changement climatique, nous cumulons les problèmes, constate Youssouf Hamadi, 50 ans, négociateur. Inondations inconnues auparavant, énormes précipitations ou années complètement sèches, salinisation des eaux souterraines, on a tout… Il y a même des villages côtiers où l’eau est devenue complètement saumâtre, imbuvable », poursuit le négociateur. « Mais que peut-on faire? Rien! Nous n’avons pas les moyens de dessaler. » Aux Comores, le coût de l’atténuation et de l’adaptation au réchauffement est d’ores et déjà estimé « à 216 millions de dollars », affirme Youssouf Hamadi. Un tiers du PIB du pays!
Atteindre « l’objectif garde-fou » des 2°C
Seul espoir aujourd’hui pour l’archipel comorien : que le sommet de Paris débouche sur un « bon accord ». Soit, pour le négociateur comorien, un texte contraignant qui permette d’atteindre « l’objectif garde-fou » des 2°C de hausse de la température et, aussi, apporte aux pays les plus vulnérables l’argent leur permettant d’atténuer les effets du réchauffement et d’y faire face. « C’est peut-être utopique d’y croire, mais ce qu’il faudrait pour nous, aux Comores et sur les îles, c’est 1,5°C maximum d’augmentation, pas plus. Parce qu’avec 2°C en moyenne mondiale on aura en réalité 3 à 4°C sous les tropiques! »
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Pour parvenir, au moins, à ne pas dépasser ces 2°C devenus totem, Youssouf Hamadi veut faire payer les plus gros pollueurs, Chine et États-Unis en tête. « Qu’ils fassent cet effort pour ceux qui, comme nous, souffrent et sont souvent les plus démunis face au changement climatique. » Vendredi ou samedi, en fin de sommet, il espère applaudir à un accord. Mais pas n’importe lequel : si les financements annoncés ne sont pas « accessibles, équitablement, aux régions et pays les plus pauvres », alors le négociateur comorien s’abstiendra.
Richard Bellet – Le Journal du Dimanche
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