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Comores : 92 % de l’aide COVID-19 du FMI détournés, un scandale d’État révélé

 

 

Aux Comores, la pandémie de COVID-19 aura été le théâtre d’un immense scandale financier. Selon un audit de la Cour des comptes, 92 % de l’aide internationale accordée par le FMI pour la riposte sanitaire ont été détournés à d’autres usages. Sur les 12,1 millions de dollars reçus, seuls 8 % ont effectivement servi à lutter contre la pandémie.

L’urgence sanitaire transformée en opportunité de détournement

En pleine crise sanitaire, alors que les hôpitaux comoriens manquaient cruellement de ressources médicales, le FMI avait débloqué une aide d’urgence de 5,4 milliards de francs comoriens. Cette manne financière, censée renforcer la lutte contre le virus, a pourtant été en grande partie absorbée par des dépenses sans lien avec la santé publique.

L’audit révèle que 1,29 milliard FC ont été utilisés pour payer des salaires de fonctionnaires, 455 millions FC pour des travaux routiers douteux, 395 millions FC pour régler des arriérés de loyers de députés, 48 millions FC pour acheter des véhicules d’escorte, et 34 millions FC pour la reconstruction d’une prison. Une gestion qui détourne l’objectif même de l’aide : sauver des vies.

Violations des règles et opacité généralisée

Le rapport pointe également de graves irrégularités. Les fonds auraient dû être gérés sur un compte dédié à la riposte COVID-19, mais ont été versés directement sur le compte unique du Trésor. À peine 831 millions FC ont transité par le compte prévu, rendant la traçabilité pratiquement impossible.

De nombreux marchés ont été passés sans appel d’offres, par entente directe. Un contrat de 661 millions FC a été attribué à la société MEMAM SARL pour la construction d’un centre d’imagerie médicale, sans qu’aucun rapport d’exécution des travaux ne soit disponible lors du contrôle.

Pire encore, des paiements en espèces ont été effectués sans signatures, et certains virements bancaires ne précisaient même pas les bénéficiaires.

Pendant que les fonds disparaissaient, les Comoriens mouraient

Ce détournement massif a eu des conséquences dramatiques. À l’hôpital de Samba Kuni, au CHR de Fomboni et ailleurs, les malades décédaient par manque d’oxygène, de médicaments et de soins appropriés. La mort d’une fillette de 11 ans, faute d’oxygène le 5 février 2021 à Mitsamihuli, reste un symbole tragique de ce scandale.

Pendant que l’État payait les arriérés de loyers de ses députés et s’équipait en véhicules, des enfants, des femmes et des hommes mouraient dans l’indifférence.

Une faute morale gravissime… mais aucune sanction

Malgré l’ampleur des révélations, aucune enquête judiciaire n’a été ouverte. Le gouvernement d’Azali Assoumani reste silencieux. La société civile s’indigne, mais sans effet. Quant aux partenaires internationaux, ils observent la situation avec prudence.

Grâce au travail de la Cour des comptes, les détournements sont aujourd’hui documentés. Reste à savoir si ce rapport sera suivi d’effets ou s’il restera, comme tant d’autres, lettre morte.

Sans justice ni réformes profondes, l’impunité continuera de sacrifier l’avenir des Comores.

 

En 2016, une maman a déposé une importante quantité d’or à La Meck Moroni en garantie d’un prêt. Après avoir intégralement remboursé ce prêt, l’or aurait dû lui être restitué, mais il a été volé. L’institution a reconnu sa responsabilité, mais depuis, elle garde un silence troublant. Aucun geste de réparation n’a été fait. Méfiez-vous : cette structure n’est pas digne de confiance.

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