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Affaire Me Idrisse, privé de plaidoirie : Les avocats de Moroni en grève

Me Idriss Mze Mogni est privé de plaidoirie par une décision commune de la Cour d’appel, le parquet général, le parquet de la République et le tribunal de Moroni. Au cours du procès Faina le 23 mai dernier, il avait traité le procureur de la République de « petit procureur ». Celui-ci lui avait interdit de réciter des versets coraniques dans sa plaidoirie. En réaction à cette interdiction d’exercer, tous les avocats du Barreau de Moroni amorcent une grève dès ce vendredi.

« L’avocat Me Idrisse Mze Mogne est privé de faire des observations et plaidoiries auprès des juridictions et cabinets des juges jusqu’à nouvel ordre », peut-on lire dans le procès-verbal issu d’une réunion tenue le 2 juin à Moroni par la Cour d’appel, le parquet général, le parquet de la République et le Tribunal. Le rang des signataires montre à quel point l’affaire est prise au sérieux. Tout commence le 23 mai au cours du procès Faina, du nom de cette fille de 5 ans violée puis assassiné au mois de mai 2021 à Memboidjuu dans le nord de Ngazidja. Avocat de la partie civile, Me Idrisse avait voulu citer des versets du Coran dans sa plaidoirie. Chose qui lui a été interdite par le procureur de la République Mohamed Djounaid. « C’est un petit procureur », tonnait l’avocat devant les médias alors qu’il venait de quitter la salle d’audience furax.

« Me Idrisse n’est pas radié. La décision de radiation et autre revient au Conseil de discipline du Barreau. La décision prise ne peut en aucun cas substituer une décision du barreau mais trop c’est trop », assure pour La Gazette des Comores un des auteurs de la décision. Notre interlocuteur explique qu’il a été rappelé à Me Idrisse que le grand Cadi était allé saisir les chefs des Cours et tribunaux sur le fait que certains avocats s’amusaient à « jouer » avec les versets du Coran avec des traductions et interprétations « erronées » dans un but de défendre par tout moyen leurs clients. « Il nous avait demandé de les empêcher », fait savoir notre source. « Il a été rappelé à Me Idrisse que nous nous servons du code pénal pour juger et non du Coran. Et il lui a été demandé de poursuivre sa plaidoirie sans lire et traduire des versets de coran. Il n’a pas apprécié et a préféré partir ».

En réaction à cette interdiction d’exercer, tous les avocats du Barreau de Moroni ont décidé d’amorcer une grève de 48h, dans un premier temps, et ce dès ce vendredi, ont-ils annoncé lors d’une conférence de presse hier, au lendemain d’une assemblée générale extraordinaire consacrée à ce sujet. « Si d’ici-là (après samedi 11 juin, Ndlr), cette décision n’est pas levée, d’autres mesures seront décidées », menacent ceux pour qui « les juges ne sont pas aptes à prendre des mesures disciplinaires contre un avocat ». Parallèlement à la grève, des procédures sont engagées. Les hommes en toges ont profité de l’occasion pour dénoncer le « manque de respect et de considération » à l’égard de leur profession de la part des juges.

Andjouza Abouheir / LGDC

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