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Affaire Makas et ASC au port de Mutsamudu : voici un autre son de cloche

Affaire Makas au port de Mutsamudu : une illustration parfaite de la désinformation et du climat des affaires malsain aux Comores

Une société de commerce connue sous le nom de Makas, d’une certaine Maliza, défraie la chronique depuis le week-end dernier. Cette société serait l’incarnation de la bienfaisance, tandis qu’une autre société, ASC (Anjouan Stevedoring Company), celle qui assure depuis 17 ans la manutention au port de Mutsamudu, remplirait au même moment le rôle de prédateur sans pitié. Une tribune d’un bloggeur assez suivi a été consacrée à cette histoire ; celui-ci, sans donner une seule fois la parole à ASC pour comprendre ce qu’il s’est réellement passé avec la cargaison de ciment de Makas, a dressé un portrait lugubre de cette entreprise, tout en louant les qualités angéliques de la dame aux multiples vertus, Maliza.

ASC aurait, selon cet article, fait exprès de décharger au compte-goutte les 9 000 tonnes de ciment arrivées au port de Mutsamudu la semaine dernière, pour des raisons de concurrence. C’est aussi l’occasion pour ce bloggeur de rappeler toutes les turpitudes d’ASC depuis son installation à Anjouan… Ce qui nous intéresse cependant, ce n’est ni le parcours d’ASC, ni celui de Makas : toute société commerciale ou industrielle a ses qualités et ses défauts, à fortiori dans un monde aussi libéralisé. Ce qui nous intéresse, c’est la présente histoire, qui illustre parfaitement le pourrissement du climat des affaires en Union des Comores, un Etat qui voudrait pourtant attirer des investisseurs.

Makas et ses soutiens accusent ASC d’avoir retardé expressément le déchargement de sa cargaison de ciment, arrivé au port de Mutsamudu le samedi 5 décembre. Selon eux, ASC décharge à peine 200 tonnes par jours, ce qui pourrait prolonger l’opération jusqu’à une quarantaine de jours à ce rythme. Selon eux toujours, cela est fait exprès, car ASC commercialise elle aussi du ciment, et donc joue un jeu de concurrence déloyale. Mais la réalité est que Maliza s’est elle-même fourré le doigt dans le nez.

Tout le monde sait en effet qu’ASC ne décharge pas du ciment en vrac. Et pourtant ce sont 180 000 sacs de ciment qui sont arrivés dans les cales du bateau, et qui devaient être assemblés dans des filets par des dockers avant d’être soulevés par les grues et déchargés du navire. « C’est une opération lente, délicate, qui peut être perturbé par les conditions climatiques et qu’ASC n’a jamais effectuée. La manutention que pratique notre société concerne des marchandises conteneurisées. Ou bien, quelquefois, des marchandises contenues dans ce qu’on appelle des big bags ; ce sont des gros sacs », nous a expliqué un cadre de l’entreprise. Ce dernier précise d’ailleurs que des 2 grues dont est équipé le bateau, une seule fonctionne correctement.

Du ciment, ASC en décharge donc régulièrement au port de Mutsamudu, mais dans des conteneurs. Moroni Terminale peut en décharger jusqu’à 1000 tonnes par jour, dans ces big bags, selon toujours notre interlocuteur, contrairement à ce qui a été dit dans le fameux article au vitriol contre ASC, qui avait carrément parlé de 1 400 tonnes au quotidien.

Autre chose qui est passée sous silence par les pourfendeurs d’ASC, c’est que le bateau aurait, selon toujours notre interlocuteur (qui n’a pas souhaité s’exprimer au nom de l’entreprise car celle-ci a choisi de ne pas réagir), été immobilisé 2 jours au port avant de pouvoir décharger, à cause de problèmes administratifs et financiers qui n’avaient rien à voir avec le manutentionnaire. En effet, c’est une fois le bateau sur place qui la patronne de Makas cherche des partenaires commerçants pour supporter ensemble le coût de l’opération ! Mais, plus grave encore, ASC n’aurait pas été averti de l’arrivée de ce bateau, mais l’a vu accoster par surprise au port, avec sa cargaison de ciment en vrac. Autrement dit, si le manutentionnaire avait été informé d’avance de l’état de cette cargaison, sans doute n’aurait-elle pas accepté de lui offrir ses services.

Au regard de tous ces éléments, le commun des mortels devrait donc comprendre que la société manutentionnaire du port de Mutsamudu, n’est en rien responsable du pétrin dans lequel s’est mise Makas. Mais cette histoire a aussi montré que Maliza n’est pas une commerçante comme les autres : c’est une femme aux longs tentacules, qui est capable de mobiliser tout un gouvernement (et même une partie du système judiciaire) en sa faveur, alors qu’elle est tout à fait dans le tort. Et si ASC refuse de réagir officiellement aux imputations dont elle fait l’objet dans cette affaire, c’est sans doute parce que la société a subi des pressions et des menaces à peine imaginables, émanant de hauts dignitaires du régime en place, la sommant de faire tout ce qui est en son pouvoir pour « décharger les 9 000 tonnes de ciment dans les plus brefs délais ». Et le manutentionnaire a bien raison de la boucler, car par ailleurs c’est le renouvellement de son contrat de bail (qui expire le 31 décembre prochain) qui pourrait être en jeu. À lire aussi sur le même sujet : https://www.comoresinfos.net/la-societe-makas-risque-la-faillite-a-cause-dasc-le-manutentionnaire-du-port-de-mutsamudu/

Source: Les Nouvelles Anjouan (titre principal : Comores Infos)

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