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Accord-cadre Comores – France l’acte II du président Azali

L’acte I c’était en 2005. Le président Azali concéda alors la participation des jeunes maorais aux Jeux Internationales de l’Océan Indien (JIOI). On nous raconta qu’il fallait faire preuve d’ouverture d’esprit, qu’il ne fallait pas punir les jeunes de Mayotte, que seul le dialogue rapprocherait, etc. Il s’agissait en réalité d’une prime à la sécession que la France obtenait. Car pourquoi les Maorais auraient seuls le privilège de participer à part aux JIOI ? Pourquoi pas les jeunes de Ngazidja, ceux de Ndzuwani et ceux de Mwali ?

Il faut se rappeler le contexte de l’époque. Mayotte étouffait de son isolement dans la région. La situation était intenable. Le président français Chirac s’était électoralement engagé à faire participer les Maorais aux JIOI. Il fit céder Azali sans que l’on puisse identifier ce qu’il a reçu en échange. Ce qu’aucun président avant lui n’avait osé, Azali l’a fait : rompre l’encerclement de l’île comorienne. Ce qui allait peu à peu ouvrir un boulevard vers le pseudo 101° département français. Un coup dur pour le pays
L’acte II c’est en 2019. L’accord cadre. Le parallélisme est frappant. On nous raconte les vertus de l’ouverture, du dialogue, de l’implication des Maorais dans les échanges, etc. Comme si la question de l’île comorienne n’intéressait que les États comorien et français et la seule population de Mayotte ? Au nom de quoi les populations des autres îles seraient-elles exclues des négociations ? Et qui plus est, seuls les dirigeants séparatistes maorais participent aux échanges comme s’il n’y avait pas à Mayotte des partisans de l’unité du pays ! Une nouvelle prime à la sécession !
Les orientations dessinées sont limpides. Elles reflètent les seules exigences de l’État français : stopper les « migrations clandestines ». L’État comorien va désormais y prendre une part importante. Brigades maritimes, destruction des Kwasa, on évoque même la possibilité d’installer un radar à Ndzuwani. Et tout cela sous la supervision du « Conseiller français » du Ministère comorien de l’Intérieur et des responsables militaires de l’ambassade de France aux Comores.
Quant aux « passes d’armes » verbaux entre Azali et Macron sur la francité de Mayotte on voit bien qu’il ne s’agissait que de brouiller les pistes, « sauver » ce qui pouvait l’être pour ne pas complètement ridiculiser le président comorien. Sur le fond ils étaient d’accord comme larrons en foire.
La contrepartie des 160 millions en trois ans, une insulte à notre pays. Mayotte à ce prix là ! D’autant que Macron a bien insisté, ils ne seront débloqués que si les Comoriens ne se rendent plus « clandestinement » à Mayotte. Tout de même.
La perspective, elle prend forme. On l’entrevoie du coté des élus maorais, ils pavoisent dans une remarquable unité, même Mansour Kamardine, « le français plus que français » est à la fête. Ils saluent ce qu’aucun président n’avait jamais fait avant Azali : leurs participations aux négociations. Ils se remémorent le temps ou on ne voulait pas d’eux, même dans les délégations françaises. Désormais les élus maorais réclament une place complète, pleine et entière dans la Commission de l’Océan Indien, au même titre que l’autre département français de la région. S’imagine-t-on les JIOI de 2023 organisées aux Comores avec une délégation maoraise arborant les insignes de la France ou mieux ou pire, ces JIOI organisées à Mayotte. Ce qui a été considéré comme scandaleux en 2016 à la Réunion, deviendrait la normalité. En somme l’annexion de Mayotte par la France « légalisée » par l’État comorien ? Et pour la France, « l’éternité » serait acquise.
Pour l’Histoire rappelons les « hauts faits d’armes » de nos présidents :
ALI SOILIHI : obnubilé par le pouvoir, il accepta de jouer le rôle de maître d’œuvre du coup d’État du 3 août 1975, sanctionnant Ahmed Abdallah pour avoir osé la déclaration unilatérale de l’indépendance. Il ignorait la machination française qui comprenait l’action à Mayotte même des Marcel Henry – Bamana pour dégager l’administration comorienne de l’île et s’emparait de l’île : un double putsch en quelque sorte. Mayotte largua les amarres, l’État comorien lourdement frappé à la naissance peinait (il peine encore) à émerger. Il devint des dizaines d’années durant le terrain des jeux des mercenaires.
AHMED ABDALLAH : remis en selle par les mercenaires de Bob Denard, il rendit l’ascenseur en obtenant l’intégration de France-la Réunion dans la Commission de l’Océan Indien, à l’origine une structure ne comprenant que des États. Le loup dans la bergerie.
TAKI ABDOULKARIM : la France était terriblement gênée par les multiples condamnations dont faisait l’objet sa politique à Mayotte. Il fallait que cela cesse. Son coup d’Etat contre Djohar lui a ouvert la voie. Le gouvernement provisoire dirigé par Cambi El Yachourty utilisa des subterfuges pour que la question de l’île comorienne de Mayotte ne soit pas débattue à L’AG de l’ONU de 1996. C’est le gouvernement Taki qui accomplit la besogne. Son ministre de l’extérieur de l’époque, Mzimba s’en enorgueillit de l’avoir définitivement ancré dans l’ordre du jour provisoire. Il fallait semble-t-il ne pas gêner des négociations bilatérales. Depuis, plus de débat à l’AG, plus de condamnation française. La question est désormais « oubliée » par nombre de pays. Imaginer donc : la départementalisation de Mayotte n’a jamais été condamnée par l’ONU. Un coup de maître de la diplomatie française et la palme de l’incurie et de l’irresponsabilité de la diplomatie comorienne.
AZALI ASSOUMANI : la palme lui revient sans contestation possible.
– Abdou Soefo, ministre des Affaires étrangères sous Azali I avait écrit une lettre qui avait fait scandale : il demandait le retrait de la question de l’île comorienne de l’ordre du jour provisoire. Les fonctionnaires comoriens n’ont pas osé soumettre la requête au groupe africain à l’ONU qui avait introduit la question.
– les actes I et II ci-dessus.
L’annexion de Mayotte est pratiquement consommée. La solidarité des pays envers nous a pris de l’aile. « Plus royaliste que le roi tu meurs ». Et puis qui la connaît vraiment ? Même à l’intérieur du pays, on ne s’en intéresse pas sérieusement. Le nombre de Maorais, partisans de l’unité, complètement découragés par l’attitude des gouvernants comoriens s’est considérablement réduit. En dehors de proclamation de principe, peu de Comoriens sont prêts à s’impliquer réellement. De plus en plus de simples gens soutiennent qu’il faut laisser nos frères maorais bénéficier de la colonisation française en attendant mieux !
Il faut donc un sursaut national. Commencer par une riposte massive contre cet accord cadre.
En tout cas que les dirigeants français le sachent, que les capitulards comoriens le sachent, il se trouvera toujours des Comoriens pour continuer le combat jusqu’à la préservation de l’intégrité territoriale du pays. La boucle ne bouclera que sur l’unité de l’Archipel et cela quelles que soient les vicissitudes.
Idriss Mohamed
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2 commentaires sur Accord-cadre Comores – France l’acte II du président Azali

  1. Idriss tu ne comprends rien. Les habitants des autres îles ne sont pas intéressé par cette accord cadre. Ils souhaitent juste pouvoir se soigner, manger éduquer leurs enfants et devenir français. Si tu ne crois pas organise une référendum juste sur la cession de chaque île et tu verra que les anjouanais et les mohéliens quittera cet union de comores à de misère à l’unanimité. .

  2. Said Mohamed Cheikh ont débutait la vente de Mayotte aux français et aujourdhui un Azali toujours de Ngazidja a fini le processus de vente de son prédécesseurs Said Mohamed Cheik . Il est temps que Anjouan et Mohéli cherchent à se poser des serieuses questions à savoir le destin de leurs îles respectives vis à vis des agissements des wagazidjas quad ils sont magistrature suprême de cet archipel . Pour quoi fallait toujours à un président Mgazidja de trahir le pays ? Anjouan , Mohéli , reveillez vous , le destin de vos îles est entre vos mains mais jamais en union d’hypocrisie et d’amateurisme .

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