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Vers une terre de torture ?

À l’aube d’une émergence annoncée, aucun régime qui se respecte, ne peut passer outre le recrutement d’une bonne équipe médicale. Des chirurgiens principalement, sachant manier des pinces, et des seaux d’urine. Nos amis saoudiens ont montré l’exemple, avec leur équipe d’assaut en Turquie ; éliminant dans la joie et la musique le journaliste Jamal Khashoggi. L’Union des Comores semble vouloir suivre le pas. Ou la récente visite de notre ministre des affaires étrangères en Russie, a donné des idées à notre gouvernement. Les agents du Service Fédéral de Sécurité (FSB, ancien KGB) Russe, étant maîtres dans le domaine.

Ismaila Mahamoud et Solar, tous les deux arrêtés pour l’affaire « de la main coupé », ont livré un récit glaçant à la Cour de sûreté de l’état. Mais le président de la Cour a décidé de ne pas les laisser aller au bout de leur récit selon les quotidiens Masiwa et La Gazette (éditions du 19/12/2018) ; et surtout de ne pas donner suite à ces graves accusations. Vous l’avez deviné, je parle ici de torture phisyque. Arrachage de dent au moyen d’une pince, supplice de la noyade avec de l’eau souillé à la pisse, tabassage régulier… Des sévices qui se seraient déroulées au sein d’une « prison » non déclarée au ministère de l’Intérieur. Des accusations qui pourraient annuler tout le procès si elles sont vraies, tenant compte des nombreuses chartes ratifiées par les Comores et qui interdisent la torture.

Ce qui est marquant ici, c’est l’immobilisme de la Nation. À l’instar du Ministre Souef Mohamed El-Amine, les membres du gouvernement feignent de ne pas être au courant quand un journaliste leur pose la question – même si le Ministre dit se désolidariser, s’il s’avère que les supplices sont soutenus par le gouvernement – l’appareil judiciaire reste muet et la population ne s’en inquiète que très peu. Par notre fausse impuissance, face à la barbarie, nous nous rendons complices d’une certaine manière, des sévices inhumains, qu’endurent tous nos compatriotes emprisonnés. Nous oublions que vu la tournure que prennent les choses, ce qui arrive aux prisonniers aujourd’hui, peut arriver demain à chacun de nous, à nos proches, nos voisins, nos enfants…

La justice doit ouvrir une enquête et le garde des Sceaux doit l’exiger. Cela en va de sa probité, ainsi que celui de tout le gouvernement. Le ministre de l’Intérieur, ne peut pas demeurer intouchable malgré toutes les bavures qui lui sont reprochées. Certains journalistes, l’accusent d’être derrière cette prison non déclarée ou des compatriotes sont torturés, avec des méthodes qui feraient pâlir d’envie les membres de l’Etat Islamique. Et le président de la République doit sauver le peu qui reste de dignité dans sa gouvernance. Rien ne peut et n’a pu se faire sans son accord. Et s’il s’avère que des choses lui ont été cachées, il doit sévir. Mais je sais que mon vœu restera un vœu. Le président avalise tout. Il ne prend même plus la peine de lire ni de se renseigner sur ce qu’il signe. Jusqu’à nommer secrétaire général, une personne qui a été suspendue par un de ses ministres, pour une histoire de fraude au baccalauréat.

Il est dit que le procureur de la république a comme rôle principal, de défendre l’intérêt de la société. Mais que fait-il ? Comment compte-t-il défendre l’intérêt de la société, en ignorant la parole de ses citoyens, affirmant avoir été torturé ? Celui qui n’a pas hésité à demander le maximum de peine lors des récents procès, à la Cour de sûreté de l’Etat, a ici, une occasion de prouver sa probité. Accusé par beaucoup, d’être aux services du pouvoir exécutif, son silence est criant. Surtout qu’on ne sait toujours pas, quelle issue, le magistrat du ministère public compte donner à cette affaire de torture et à celle de la bavure policière à Iconi.

Il est aussi clair que certains d’entre nous, surtout dans la jeune génération, ont du mal avec l’idée de la défense des droits et des libertés communes. L’indifférence a pris le pas sur notre façon d’être. À chacun son smartphone et Facebook et Google pour nous tous. Mais sans vouloir donner des leçons à qui que ce soit, les réseaux sociaux ne se limitent pas à publier des images indécentes de nos sœurs et de nos gouvernants. Facebook a été le principal bus pour nombre de combats gagnés par les peuples d’ailleurs. Il suffit de savoir s’en emparer du meilleur des façons. Nous avons aussi l’obligation de défendre notre patrie contre toute atteinte. Un peuple libre, c’est maintenant et ce n’est pas demain. Pour que l’on puisse tous, enfin rentrer et quitter l’exil économique et qui nous ronge et nous tue chaque jour.

Ngo’shawo nous a insufflé ce qui reste à faire en publiant sur leur page Facebook, un extrait de « Lettre à la jeunesse » d’Emile Zola : « Qui se lèvera pour exiger que justice soit faite, si ce n’est toi qui n’es pas dans nos luttes d’intérêts et de personnes, qui n’es encore engagée ni compromise dans aucune affaire louche, qui peux parler haut, en toute pureté et en toute-bonne foi ? » ; il nous appartient donc de faire le nécessaire. De nous lever pour la justice. Car aujourd’hui si justice n’est pas rendu à Ismaila Mahamoud, à Solar et à tous les autres qui n’ont pas osé parler ouvertement, notre société entière aura failli. Du président de la République au citoyen lambda en passant par les administrateurs de tous genres. Levons-nous donc et demandons justice. Pour que notre pays ne soit jamais une terre de torture. Soyons intègres, soyons citoyens, soyons Comoriens, et le meilleur suivra.

Khaled SIMBA

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