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Des millions d’euros évaporé depuis 1988: l’accord de pêche avec l’Union européenne au détriment des pêcheurs comoriens


D’après un entretien accordé au journal Al-Watwan

Alors que les négociations pour un possible renouvellement des accords de pêche entre l’Union européenne et les Comores sont en cours, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer l’inefficacité de ces partenariats. Dans un entretien accordé au journal Al-Watwan, le politologue Saïd Abasse Ahamed, directeur du think-tank Thinking Africa, tire la sonnette d’alarme sur la manière dont les Comores gèrent la manne financière issue de ces accords.

Depuis 1988, des bateaux européens pêchent dans les eaux comoriennes contre une contrepartie financière estimée entre 600 000 et un million d’euros par an. Mais selon l’expert, ces sommes se sont « évaporées » sans jamais profiter aux véritables acteurs du secteur : les pêcheurs comoriens. « Le pêcheur comorien pêche encore comme au Moyen Âge, avec sa pirogue à balancier, pendant que des montants considérables sont censés améliorer la filière pêche depuis plus de 30 ans », déplore-t-il.

Les clauses de ces accords, qui paraissent équilibrées sur le papier —

présence de marins locaux à bord des navires, surveillance des cargaisons, respect des périodes de pêche  ne sont presque jamais respectées, faute de moyens de contrôle. « Nous n’avons ni intercepteurs rapides, ni surveillance satellitaire, ni drones d’observation maritime », rappelle-t-il, laissant la porte ouverte à une pêche illégale massive, souvent menée par des navires asiatiques ou battant pavillon comorien de manière opaque.

Saïd Abasse plaide pour une réorientation radicale de ces accords : « Il ne faut plus verser l’argent aux autorités, mais exiger des infrastructures en retour. » Il propose que l’Union européenne construise des écoles maritimes, des centres de transformation de poissons, et fournisse des équipements de surveillance, plutôt que de simples virements bancaires aux résultats invisibles.

L’École de pêche de Mirontsy pourrait, selon lui, devenir un embryon d’une politique nationale d’économie bleue. Mais à condition d’un réel engagement politique : « Nous sommes l’un des rares pays insulaires sans chantier naval. Il faut créer une école-chantier naval, remplacer les pirogues à pagaie par des bateaux à moteur d’ici 2030. »

Face à l’épuisement progressif des ressources halieutiques et à l’absence de transparence sur l’attribution des pavillons comoriens, il appelle à la création d’une commission nationale ouverte, indépendante et experte, qui redonnerait aux Comores la souveraineté sur ses ressources maritimes.

 Les Comores, pourtant riches en ressources halieutiques, restent à la traîne faute de volonté politique, de vision stratégique et de transparence. Une réforme en profondeur s’impose si l’on veut que les accords de pêche profitent enfin aux Comoriens eux-mêmes.

Said Hassan Oumouri 

En 2016, une maman a déposé une importante quantité d’or à La Meck Moroni en garantie d’un prêt. Après avoir intégralement remboursé ce prêt, l’or aurait dû lui être restitué, mais il a été volé. L’institution a reconnu sa responsabilité, mais depuis, elle garde un silence troublant. Aucun geste de réparation n’a été fait. Méfiez-vous : cette structure n’est pas digne de confiance.

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