
Moroni, vendredi 23 mai 2025 – C’est une déclaration qui risque de faire du bruit : « Ces groupes électrogènes ne sont ni neufs, ni d’occasion », a affirmé Soilahouddine Moumini, directeur général de la Sonelec, en pleine crise de l’électricité. Lors d’une conférence de presse organisée au siège de la société nationale, il a révélé que trois des quatre moteurs récemment tombés en panne avaient été livrés en février dernier.
À Ndzuani, les groupes GE22 (livré en février) et GE20 (un ancien moteur jamais révisé) sont à l’arrêt depuis avril. À Ngazidja, ce sont les groupes GE10 et GE09, également livrés en février, qui ont cessé de fonctionner. Le GE09 a même vu son bloc-moteur totalement détruit lors d’un test mécanique. Quant au GE22, un corps étranger – une bille métallique – a été retrouvé à l’intérieur de son turbo. L’origine reste inexpliquée.
À cela s’ajoutent les dégâts causés par les intempéries du 5 mai : neuf transformateurs et plusieurs équipements de commande ont été détruits, réduisant encore davantage la capacité de production. Résultat : 2 MW de puissance en moins à Ndzuani (sur 6,6) et 4 MW de moins à Ngazidja (sur 16).
Face à cette série noire, le directeur général a tenté de clarifier la situation : « Ces groupes ont lâché après seulement 1 200 à 1 900 heures de fonctionnement, ce qui est anormal. Ce ne sont ni des groupes neufs, ni de simples groupes d’occasion. Ce sont des groupes reconditionnés : des moteurs ayant déjà servi, entièrement démontés, révisés, et remontés avec une garantie de 12 mois. »
La production actuelle ne couvre plus la demande : Ngazidja a besoin de 18 MW mais ne dispose que de 10 MW (hors solaire). À Ndzuani, la situation est tout aussi tendue. Des négociations sont en cours avec le fournisseur Tec pour remplacer les moteurs défectueux, encore sous garantie.
Pour faire face à la crise, des mesures ont été annoncées : révision de plusieurs groupes en juillet, renforcement du stockage solaire avec Innovent Nord, et installation prochaine des batteries à Washili. À Ndzuani, le remplacement du turbo du GE22 est prévu pour mi-juin, avec un retour à la normale espéré d’ici mi-juillet.
Enfin, le directeur a présenté un plan en trois phases pour redresser durablement la Sonelec : une réponse immédiate à l’urgence d’ici 2026, une restructuration interne jusqu’en 2027, puis une phase d’expansion axée sur les énergies renouvelables. Mais il prévient : « Le vrai problème de la Sonelec, ce n’est pas la volonté, c’est le manque de moyens. Et ces moyens, il faut aller les chercher. »
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