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Starlink interdit aux Comores : entre protection de l’État et désir de liberté numérique

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La saisie récente d’équipements Starlink par les agents de ANRTIC, en collaboration avec la douane de l’aéroport international des Comores, a ravivé un débat profond sur la place du numérique dans le développement du pays. Cette technologie d’internet par satellite, développée par SpaceX, est présentée dans de nombreuses régions du monde comme une solution efficace face aux déficits de connectivité, en particulier dans les zones isolées. Aux Comores, son usage reste pourtant interdit, officiellement pour non-conformité à la réglementation en vigueur.

Du point de vue de l’État, cette interdiction repose sur des arguments qui peuvent apparaître légitimes. Les télécommunications constituent un secteur stratégique, intimement lié à la souveraineté nationale, à la sécurité et au contrôle des flux d’information. Autoriser un réseau satellitaire étranger, totalement indépendant des infrastructures locales et hors du contrôle technique direct des autorités, pose des questions sensibles. Les données transitent à l’étranger, les règles d’exploitation échappent à la juridiction nationale et les capacités de régulation, notamment en matière de sécurité ou de justice, deviennent plus complexes. À cela s’ajoute l’obligation légale, pour tout opérateur de télécommunications, de disposer d’un agrément officiel, de se conformer aux règles fiscales et de respecter les cadres techniques nationaux. En l’absence de ces garanties, l’État estime agir dans son rôle en interdisant l’utilisation de ces équipements.

Cette position s’inscrit également dans une logique de protection de l’écosystème local. Les opérateurs présents aux Comores ont investi dans des infrastructures lourdes et coûteuses, souvent avec l’appui de partenariats publics. L’arrivée d’un acteur mondial capable de fournir une connexion sans déployer de réseau terrestre soulève la crainte d’une concurrence déséquilibrée, susceptible de fragiliser un secteur déjà confronté à de nombreuses contraintes économiques. Pour les autorités, ouvrir le marché sans cadre clair reviendrait à prendre le risque d’une dépendance technologique accrue et d’une perte de maîtrise sur un levier essentiel du développement.

Mais cette lecture institutionnelle se heurte à une autre réalité, celle vécue par une partie importante de la population. Dans de nombreuses zones rurales, l’accès à internet reste limité, instable ou inexistant. Même dans les centres urbains, les coupures fréquentes et les débits insuffisants entravent l’éducation, l’entrepreneuriat, le télétravail et l’accès aux services numériques. Pour ces citoyens, Starlink apparaît moins comme une menace que comme une opportunité concrète de sortir de l’isolement numérique. L’interdiction est alors perçue comme une entrave à une liberté devenue essentielle, celle de se connecter, d’apprendre, de travailler et de communiquer dans un monde de plus en plus numérisé.

Cette divergence de perception met en lumière une tension plus large entre prudence réglementaire et urgence sociale. D’un côté, un État soucieux de préserver sa souveraineté, sa sécurité et l’équilibre de son marché. De l’autre, des usagers confrontés à des besoins immédiats, pour qui l’accès à internet n’est plus un luxe mais une condition minimale de participation à la vie économique et sociale. La question n’est donc pas simplement de savoir si Starlink doit être autorisé ou interdit, mais de déterminer comment adapter le cadre existant à des technologies nouvelles qui bousculent les modèles traditionnels.

À terme, le risque est que le statu quo alimente incompréhension et frustration, tout en ralentissant la transition numérique du pays. L’enjeu pour les Comores sera de trouver une voie médiane, capable de concilier les impératifs de souveraineté et de régulation avec les besoins réels de la population. Le débat autour de Starlink dépasse ainsi la seule question d’un équipement saisi à l’aéroport. Il interroge la capacité du pays à penser le numérique non comme une menace à contenir, mais comme un outil à encadrer intelligemment pour servir le développement collectif.

Said Hassan Oumouri 

En 2016, une maman a déposé une importante quantité d’or à La Meck Moroni en garantie d’un prêt. Après avoir intégralement remboursé ce prêt, l’or aurait dû lui être restitué, mais il a été volé. L’institution a reconnu sa responsabilité, mais depuis, elle garde un silence troublant. Aucun geste de réparation n’a été fait. Méfiez-vous : cette structure n’est pas digne de confiance.

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