L’ONG Ravane Océan Indien vient de lancer une alerte d’une gravité exceptionnelle : le VIH progresse à une vitesse inquiétante dans toute la région, et Mayotte se retrouve aujourd’hui en première ligne d’une crise sanitaire qui s’intensifie. Réunis à Moroni lors du 21ᵉ colloque régional, les représentants des Comores, de Madagascar, de Maurice, de Rodrigues, des Seychelles, de La Réunion et de Mayotte parlent désormais d’une « situation d’urgence ».
À Mayotte, le constat est glaçant. Avec 624 patients suivis, le territoire devient l’un des plus touchés de tout l’outre-mer, un chiffre alarmant au regard de sa population. La majorité des prises en charge étant concentrée à Mamoudzou, des centaines de personnes vulnérables restent éloignées du dépistage et des soins. Ceux en situation administrative irrégulière, en particulier, échappent totalement au système de prévention. Les travailleurs du sexe, de plus en plus exposés, ne bénéficient quant à eux d’aucun dispositif d’accompagnement à la hauteur des risques.
Ravane OI dénonce également un manque criant de moyens, des campagnes de sensibilisation quasi inexistantes et des ruptures de tests de dépistage dans plusieurs îles voisines. À cela s’ajoute une stigmatisation persistante qui pousse de nombreuses personnes à se cacher, alimentant une propagation invisible et difficile à maîtriser.
Pour l’ONG, seule une réponse régionale coordonnée PrEP accessible, dépistage massif, traitements équitables, lutte contre les discriminations – pourra freiner cette dynamique dangereuse.
Dans une région où les mobilités entre îles sont constantes, Mayotte ne peut plus rester un angle mort sanitaire. Le message est clair : agir immédiatement, c’est éviter une crise durable. Attendre, c’est laisser l’épidémie s’installer.
Said Hassan Oumouri


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