
C’est un scandale sans précédent qui secoue la diplomatie comorienne. L’ambassadeur de l’Union des Comores en Tanzanie, AHAMADA EL BADAOUI MOHAMED FAKIH, a été officiellement inculpé par la justice comorienne dans le cadre de l’affaire très médiatisée impliquant Abdousalam Ibrahim Mpingo, alias « Bashar ». Cette inculpation, qui fait suite à une ordonnance de placement sous contrôle judiciaire datée du 16 juillet 2025, jette une ombre regrettable sur la réputation internationale des Comores et soulève des questions pressantes quant au maintien en fonction d’un diplomate en poste sous de telles accusations.
L’affaire « Bashar » est au cœur de l’attention publique depuis l’expulsion de Tanzanie et l’arrestation d’Abdousalam Ibrahim Mpingo le 10 mai dernier. Ce dernier est connu pour ses publications virulentes sur Facebook, dénonçant des faits et relayant des informations souvent injurieuses et diffamatoires, ciblant des personnalités publiques. Des messages audio échangés via WhatsApp ont également suggéré des « liens suspects » entre Bashar et diverses personnalités. La justice comorienne, par le biais du procureur de la République, a engagé des poursuites pour « injures publiques, diffamation, diffusion de fausses données, dénonciation calomnieuse, chantage et extorsion de fonds. »
C’est dans ce contexte explosif que le nom d’AHAMADA EL BADAOUI MOHAMED FAKIH, ambassadeur en fonction, apparaît. Le cabinet du juge d’instruction ELAMINE SAID MOHAMED a formellement mis en examen l’ambassadeur pour des chefs d’inculpation particulièrement graves : « injures publiques, complicité, dénonciation calomnieuse et diffamation ». Ces faits, prévus et réprimés par plusieurs articles du code pénal comorien, sont d’une nature qui compromet gravement l’intégrité et la crédibilité d’un représentant diplomatique.
Selon les documents judiciaires, AHAMADA EL BADAOUI MOHAMED FAKIH, né à Ntsoudjini et âgé de 64 ans, occupe la fonction d’Ambassadeur de l’Union des Comores à Tanzanie à l’interdiction de quitter Ngazidja. L’acte d’inculpation précise que l’ambassadeur est soupçonné « d’avoir à TANZANI dar salam courant 2024, en tout cas depuis temps non prescrit, aider ou assisté le nommé Nourdine M’parti Alias BACHAR dans la commission des faits qui lui sont reprochés notamment en lui fournissant des fausses informations et de moyens financière pour lui permettre de mettre en exécution sont dessin et de s’être ainsi rendu son complice ».
Cette révélation est d’autant plus choquante que les accusations portées contre Bashar sont celles de dénonciations et de chantage, des pratiques qui sapent les fondements de la confiance et de l’État de droit. L’implication d’un ambassadeur, dont la mission est de représenter dignement son pays et de défendre ses intérêts, dans de telles activités, est une honte nationale. Comment un représentant de l’État comorien peut-il être soupçonné d’avoir fourni de fausses informations et des moyens financiers à une personne engagée dans une campagne de diffamation et de chantage ? Cela pose de sérieuses questions sur les standards éthiques et professionnels au sein de la diplomatie comorienne.
Le juge d’instruction a décidé de placer l’ambassadeur sous contrôle judiciaire, une mesure qui, bien que moins contraignante que la détention provisoire, implique des obligations strictes. AHAMADA EL BADAOUI MOHAMED FAKIH n’a pas le droit de quitter l’île de Ngazidja sans l’autorisation préalable du juge et doit se présenter au cabinet du juge tous les mardis. Le non-respect de ces obligations entraînerait la révocation du contrôle judiciaire et une possible détention provisoire.
Malgré le fait que l’inculpé ait nié les faits qui lui sont reprochés lors de son interrogatoire de première comparution, la gravité des accusations exige une réponse forte de la part des autorités comoriennes. Un ambassadeur, par définition, est un symbole de son pays. Sa présence à un poste aussi sensible alors qu’il fait l’objet d’une enquête pour des crimes liés à la diffamation, à la complicité et à la dénonciation calomnieuse, est inacceptable. Cela envoie un message désastreux à la communauté internationale et entache l’image des Comores.
Le procureur de la République a souligné que « dix personnes » ont été répertoriées dans le cadre de cette affaire, et que la liste pourrait s’allonger. Il est impératif que la justice puisse enquêter en toute transparence et impartialité sur les allégations de complicité et de liens suspects.
Dans ces circonstances, le limogeage de l’ambassadeur AHAMADA EL BADAOUI MOHAMED FAKIH ne relève plus seulement d’une question de procédure judiciaire, mais d’une impérieuse nécessité pour préserver l’honneur et la crédibilité de l’Union des Comores sur la scène internationale. La situation actuelle est intenable : un ambassadeur inculpé, sous contrôle judiciaire, est une honte qui ne peut perdurer. Le gouvernement comorien doit agir sans délai pour restaurer la confiance et démontrer son engagement envers l’intégrité et la bonne gouvernance.
Misbah Said
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