Le 16 novembre 2024, à Bobigny, un concert du célèbre chanteur comorien Salim Ali Amir a réuni la diaspora comorienne dans une ambiance conviviale et festive. Cependant, cette soirée, qui aurait dû être une célébration culturelle, a été marquée par un incident troublant impliquant le gouverneur de l’île de Ngazidja, Ibrahim Mohamed Mze.
Avant même le début du spectacle, dans l’espace réservé à l’achat des billets, le gouverneur a été confronté à Zaki Soifoine, un militant bien connu sur les réseaux sociaux pour ses critiques acerbes contre le régime comorien. Ce dernier n’a pas mâché ses mots : « Vous êtes parmi ceux qui volent les Comoriens, l’enfant d’un système politique corrompu », a-t-il lancé au gouverneur.
Face à cette interpellation, Ibrahim Mohamed Mze n’a pas su garder son sang-froid. Loin d’adopter l’attitude digne et mesurée que son rôle exige, il a répondu avec colère, multipliant insultes et propos vulgaires, allant même jusqu’à proférer des attaques personnelles. Sous les yeux de plusieurs témoins et de la direction du site comoresinfos, le gouverneur a insulté la mère du militant, « Tu es d’où mrobegnouhou ». ce qui a profondément choqué l’assistance. Il a également tenté de s’en prendre physiquement à Zaki, avant que les agents de sécurité n’interviennent pour éviter que la situation ne dégénère. Regardez la vidéo ci-dessous :
Le comportement d’Ibrahim Mohamed Mze pose de sérieuses questions sur la capacité de certains dirigeants comoriens à gérer la critique et les confrontations publiques. En tant que figure politique, un gouverneur devrait incarner le calme et la diplomatie, même face à des attaques verbales. Or, cet incident révèle une incapacité flagrante à désamorcer les tensions et un manque de respect envers les citoyens, y compris ceux qui s’opposent à sa politique.
Zaki Soifoine, bien qu’acerbe dans ses critiques, a également posé une question légitime : « Qu’est-ce que vous venez faire ici en France ? Vous étiez là pendant les Jeux olympiques. Rentrez au pays, car la population de Ngazidja est désespérée : ni eau, ni électricité, et la vie est chère». Cette interpellation résonne particulièrement dans un contexte où les Comores font face à des défis économiques et sociaux majeurs, aggravés par une gestion souvent perçue comme inefficace et corrompue.
L’incident de Bobigny met en lumière un problème systémique : la difficulté des hommes politiques comoriens à accepter la critique. Habitués à évoluer dans des cercles où la contestation est étouffée, ils se retrouvent démunis face à une diaspora plus audacieuse, qui n’hésite pas à demander des comptes.
La présence répétée de dirigeants comoriens en France, souvent sous prétexte de missions officielles, suscite également des interrogations. Ces voyages, coûteux pour un pays aux ressources limitées, sont perçus comme un détournement des priorités. Pendant que les responsables politiques multiplient les déplacements, les Comoriens sur place et dans la diaspora observent, indignés, le décalage entre les discours officiels et la réalité.
Le gouverneur de Ngazidja aurait pu transformer cette confrontation en une opportunité de dialogue, illustrant ainsi un engagement sincère envers son peuple. Au lieu de cela, il a montré un visage de mépris et d’arrogance, alimentant davantage le sentiment de déconnexion entre les dirigeants et les citoyens.
Misbah Saïd
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