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RDC : les combats reprennent à Goma

Une congolaise et son enfant devant un tank de l'armée gouvernementale, à Rugari, à 37 km de Goma, en juillet.

Après trois mois de face à face au Nord de Goma, forces régulières et rebelles congolais se battent à nouveau. Ce ne sont plus les accrochages, confus et sans lendemain des dernières semaines. Ce ne sont plus les menaces de la rébellion de « prendre Goma » (une fois par mois en moyenne), la capitale du Nord Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), destinées à faire pression sur les forces régulières, mais des affrontements sérieux.

Ces combats, entamés jeudi 15 novembre, opposent l’armée congolaise (FARDC), qui a été renforcée récemment, et les rebelles du M23, le Mouvement du 23 mars (d’après la date d’une mutinerie d’ex-rebelles qui avaient été intégrés dans les forces régulières, avant de reprendre les armes).

Après les vingt-quatre premières heures de combats, alors que les casques bleus de la Monusco apportent leur soutien à l’armée congolaise pour la défense de Goma, et les lignes ne semblent pas avoir bougé de manière significative. Justin Paluku, le gouverneur du Nord Kivu (région de l’est, frontalière du Rwanda et de l’Ouganda, où s’est développé la rébellion), estime que 113 rebelles auraient été tués.

 

Un soldat du groupe rebelle M23, le 17 octobre à Rangira.

Le M23 n’a pas encore donné ses propres chiffres. Dans un premier temps, les forces rebelles ne semblent pas avoir avancé en direction de la Goma. La zone de combats principale se trouve à Kibumba, à une bonne vingtaine de kilomètres au nord de la capitale du Nord Kivu. Le long de la route qui relie cette ville à Rutshuru, « capitale » de la rébellion, les positions des deux camps se sont figées en août.

COLLINES VOLCANIQUES

Des positions en surplomb, dans des collines volcaniques, donnent un léger avantage aux FARDC, mais les forces du M23, très mobiles, se trouvent souvent à quelques centaines de mètres de l’ennemi, le long de lignes qui serpentent dans une zone où la végétation permet de se dissimuler. Des tranchées ont été creusées dans le dur sol basaltique. C’est là que les combats se déroulent depuis jeudi.

Depuis plusieurs jours, chaque camp semblait se préparer à un affrontement. De plus, la zone tenue par le M 23 inclut aussi le poste frontière de Bunagana, qui ouvre sur l’Ouganda, mais a permis, comme l’ont mis en évidence une série de rapports des Nations unies, le passage de troupes et de matériel en provenance du Rwanda. Le Rwanda a réfuté, sur le fond comme la forme, les rapports successifs des Nations unies, mais ces accusations sont prises au sérieux par de nombreux pays.

 

Le colonel Sultani Makenga, chef du M23, à Bunagana, près de la frontière ougandaise, en juillet 2012.

La Belgique, partenaire de Kigali, vient d’annoncer la suspension de sa coopération militaire avec le Rwanda. Des tranches d’aide, encore relativement symboliques, ont été suspendues par des pays « amis », notamment les Etats-Unis. Dans ce contexte, la rébellion du M 23 est-elle condamnée à agir, pour éviter d’être étouffée par les forces congolaises dans une « poche » de la région de Rutshuru ? Un jour avant le déclenchement des hostilités (chaque camp en rejette sur l’autre la responsabilité), les autorités congolaises avaient obtenu que l’Ouganda ferme sa frontière de Bunagana. Les recettes d’une douane comme celle-ci se chiffrent en millions de dollars, et offraient jusqu’ici la principale porte vers l’extérieur de la zone rebelle.

L’Ouganda, mis également en cause dans les rapports des Nations unies aux côtés du Rwanda, donne en fermant Bunagana un geste de bonne volonté. Le porte-parole du gouvernement rwandais, Lambert Mende, appelle la communauté internationale à décréter des sanctions contre le Rwanda.

AUCUN RÉSULTAT

Pendant les trois mois de trêve, des réunions de pays de la région dans le cadre de la Conférence internationale sur la région des Grands lacs (CIRGL) ont esquissé la mise en place d’un dispositif impliquant les pays voisins (dont la responsabilité dans la rébellion est mise en avant par les rapports d’experts des Nations unies). Ce dispositif n’a, en bonne logique, donné naissance à aucun résultat. Le M23 a appelé le pouvoir congolais à s’asseoir à une table de négociation. Mais dans le même temps, les FARDC comme le M23 ont renforcé leurs alliances avec des groupes armés de la région, au Nord et au Sud Kivu (voir les articles du Monde du mois d’août). A présent, l’activation de ces groupes, dont certains se livrent déjà à des attaques locales et meurtrières dans la région du Masisi comme dans le Rutshuru, pourrait faire éclater l’enfermement du M23 et entraîner une vague de violence aigue dans l’est du Congo.

Des réfugiés dans le camp de Kibati, à Goma, en août.

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