À quatre ans de l’élection présidentielle prévue en 2029, le débat politique comorien s’enflamme déjà. En toile de fond : la question sensible de la présidence tournante, mais aussi les soupçons persistants d’un scénario de succession familiale au sommet de l’État.
C’est dans une interview diffusée sur FCBK FM que Nour El Fath Azali, fils du président Azali Assoumani et actuel secrétaire général du gouvernement, a tenu à couper court aux rumeurs. Interrogé par le journaliste Oubeidillah Mchagama, l’homme fort du régime a déclaré sans ambiguïté : « Je ne serai pas candidat en 2029. Je suis originaire de Mitsoudjé, donc de la Grande Comore ». Une précision qui n’est pas anodine dans un pays où la Constitution prévoit, en principe, une rotation de la présidence entre les îles.
Avec un ton mêlant humour et fermeté, Nour El Fath a poursuivi : « Peut-être que le M de Mitsoudjé ressemble à celui de Mutsamudu (Anjouan), mais il ne faut pas se tromper ! », balayant l’idée d’un éventuel changement de Constitution pour maintenir le pouvoir sur l’île de la Grande Comore au-delà de 2029. « Ce n’est même pas un sujet au sein du parti au pouvoir », a-t-il insisté.
Un pouvoir centralisé depuis 2019
Depuis le retour au pouvoir du président Azali en 2016, la scène politique comorienne a connu un bouleversement majeur avec la révision constitutionnelle de 2018. Ce changement a suspendu provisoirement la présidence tournante entre les trois îles (Grande Comore, Anjouan et Mohéli), permettant à Azali de briguer un second mandat consécutif à partir de 2019, et non 2016, comme certains le prétendent.
Cette réélection de 2019, vivement contestée, a marqué le début d’une nouvelle ère politique, dominée par la Grande Comore. En 2024, le président a été reconduit dans un climat encore plus tendu, avec deux semaines de protestations populaires dans la rue, réprimées par les forces de sécurité.
En 2025, les élections législatives ont confirmé la mainmise du pouvoir en place, avec une écrasante majorité remportée par le camp présidentiel.
Vers un retour à la tournante ?
La Constitution actuelle stipule que le mandat présidentiel ne peut être renouvelé qu’une seule fois. Ainsi, le deuxième mandat d’Azali entamé en 2024 doit s’achever en 2029, et la présidence devrait logiquement revenir à l’île d’Anjouan.
Mais dans un climat de méfiance alimenté par les précédentes manœuvres institutionnelles, la parole officielle ne suffit pas à rassurer l’opinion. Nombre d’observateurs redoutent une nouvelle révision constitutionnelle ou un subterfuge légal pour maintenir l’influence du clan présidentiel, même indirectement.
En niant toute ambition personnelle, Nour El Fath Azali tente de désamorcer ces spéculations. Reste à savoir si les actes du régime d’ici 2029 confirmeront cette promesse… ou relanceront les tensions.
ANTUF Chaharane


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