Lorsque le recteur de l’Université des Comores, Dr Ibouroi Ali Toibibou, affirme fièrement, « Nous comptons plus de 36 000 diplômés toutes promotions confondues », la phrase semble rassurante. Elle donne l’image d’une institution productive, dynamique, presque triomphante. Pourtant, derrière ce chiffre, une question cruciale s’impose; que sont devenus ces diplômés ?
Depuis 2003, l’Udc forme des milliers de jeunes. Mais former ne suffit pas et encore faut-il leur offrir des perspectives. Or, aucune donnée n’est avancée sur l’insertion professionnelle. Combien travaillent réellement dans leur domaine ? Combien végètent au chômage ? Combien migrent, faute d’emplois adaptés à leurs compétences ? L’université met en avant la rapidité de délivrance des diplômes, mais reste muette sur l’essentiel, l’utilité sociale et économique de ces formations.
On nous explique que les procédures sont désormais plus « propres », plus « sécurisées », et que le délai serait de trois mois. Mais à quoi bon avoir un diplôme en poche si celui-ci n’ouvre pas de portes ? Pendant ce temps, des filières continuent à diplômer des cohortes entières sans lien clair avec les besoins du marché du travail national.
Plus troublant encore, certains diplômes ne sont pas édités pour des raisons de coût, tandis que les étudiants doivent payer 25 000 francs pour récupérer un document qui, parfois, ne leur servira qu’à chercher un avenir ailleurs. Où est la vision stratégique ? Où sont les études d’impact, les partenariats avec les entreprises, les programmes d’accompagnement vers l’emploi ?
La communication officielle insiste sur les progrès administratifs. Mais le pays, lui, attend des résultats concrets sur l’innovation, l’emplois, la création de valeur. Tant que l’Udc se contentera de compter ses diplômés sans se demander ce qu’ils deviennent, ce discours restera incomplet et décevant.
IBM


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