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Nassur Ben Ali, DG Anacm : « Les passagers d’AB Aviation sont assurés »

Le directeur général de l’Aviation civile assure que les victimes du crash d’AB Aviation survenu le 26 février au large de Mohéli avec 14 personnes à bord, sont assurées. Une façon de tordre le coup aux rumeurs persistantes qui inquiètent les familles des victimes.

Question : Après le crash de Yemenia en 2009, des experts internationaux avaient recommandé aux autorités de se doter de bateaux rapides adaptés aux abords des aéroports comme nous sommes un pays insulaire. Cela n’aurait-il pas évité le retard dans le démarrage des recherches en mer du vol d’AB Aviation ? 

Nassur Ben Ali : Les recommandations au niveau de l’OACI veulent que chaque pays ait une organisation de recherches et sauvetage. Je pense que les garde-côtes sont équipés de bateaux rapides qui peuvent intervenir à tout moment.

Question : Donc vous ne pensez pas qu’on ait besoin d’autres bateaux près des aéroports ?

NBA : Les positionnements actuels des garde-côtes font qu’on n’a pas besoin d’avoir encore des bateaux dans ces zones-là.

Question : Que disent les informations à votre disposition : l’accident aurait-il pu être évité ou non ?

NBA : Il y a une enquête en cours. Les conclusions nous diront si l’accident aurait pu être évité ou non.

Question : Le BEA a été sollicité dans les recherches de l’épave. Où en est le dossier ?

NBA : C’est au niveau du ministère [des transports] que cette demande a été faite. Je ne sais pas où est-ce qu’ils en sont actuellement.

Question : Vous aviez saisi AB Aviation pour verser des avances aux familles des victimes. En réponse, la compagnie s’était montrée réticente, arguant qu’elle n’avait pas encore été saisie à ce sujet par les concernés. Où en êtes-vous ?

NBA : C’est sur la base de la convention de Montréal que nous avons saisi AB Aviation. L’argent que la compagnie aura à donner n’est en réalité pas le sien. C’est comme un emprunt car une fois que les victimes seront indemnisées par l’assureur, AB Aviation va récupérer son argent.

Question : Rechigner à verser ces avances constitue-t-il un motif suffisant pour suspendre l’agrément ?

NBA : On donne un agrément pour permettre à une compagnie de mener des activités aériennes. Et pour cela il faut être en mesure de démontrer qu’on dispose des moyens conséquents. Si vous montrez une faiblesse, cela posera un problème au niveau de l’agrément.

Question : Deux banques de la place, à savoir Exim Bank et BIC, se disent disposées à accompagner financièrement AB Aviation si la compagnie le demande.

NBA : Tant mieux parce que nous ce que nous demandons, ce n’est pas qu’on nous montre des milliards. Ce que nous voulons, c’est une garantie financière.

Question : Est-ce qu’AB Aviation est la seule compagnie à avoir des dettes ?

NBA : Je ne sais pas auprès des autres structures, mais auprès de l’Anacm tout le monde est endetté.

Question : Les passagers du vol AB Aviation abimé en mer, sont assurés ou non ?

NBA : D’après les documents que nous avons, oui ils sont assurés. Pour votre information, le contrat entre AB Aviation et Fly Zanzibar est un contrat ACMI*

Question : Maintenant que les occupants de l’appareil ne sont pas retrouvés, qu’est-ce qui peut être fait à l’endroit de leurs familles ?

NBA : Pour payer, l’assureur a besoin de temps parce qu’il faudra qu’il soit sûr qu’il n’y avait pas un problème lié à une négligence quelconque. Parce que si tel est le cas, l’assureur ne va jamais payer et la responsabilité incombera à la compagnie.

Question : AB Aviation exploitait deux Embraer 120. L’on dit qu’ils sont repris par le loueur Sahara au motif qu’il lui réclame des grosses sommes. Une source au sein de la compagnie tient un autre discours. Qu’est-ce qui s’est réellement passé ?

NBA : La demande qui nous a été faite par AB Aviation c’était pour que les avions partent en révision. Sauf que le propriétaire nous a saisis pour radier ses avions de notre registre en premier lieu. Dans un deuxième courrier, il nous a dit qu’il a des bonnes relations avec son client AB Aviation mais que le Covid-19 a empêché que la compagnie paie ce qu’elle leur devait donc ils ont retiré leurs avions. Le loueur maintient toujours sa demande de radier ses avions, ou sinon lui autoriser à les exploiter en Jamaïque avec le permis d’exploitation d’AB Aviation. Cette dernière proposition est compliquée car l’avion va devoir rester sous notre contrôle, à moins de charger à l’aviation civile jamaïcaine de le faire en notre nom, ce qui n’est pas évident au regard des procédures à suivre. En clair les avions ne vont pas revenir, du moins pour le moment.

*ACMI est l’acronyme d’Aircraft, Crew, Maintenance, and Insurance. C’est une opération d’affrètement entre compagnies aériennes où le périmètre de la location comprend l’avion, l’équipage, la maintenance et les assurances qui sont fournis par l’opérateur affrété, il s’agit de Fly Zanzibar dans notre cas. Les autres éléments du vol comme le carburant, l’assistance aéroportuaire, droits de trafic, taxes de survol…, restent à la charge de la compagnie cliente, donc AB Aviation dans notre cas.

Propos recueillis par TM / LGDC

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