
À Moroni, l’eau se fait de plus en plus rare. Le moteur qui assurait la distribution dans certains quartiers est déjà hors service, plongeant de nombreux habitants dans l’incertitude à l’approche du Ramadan. Une panne qui aggrave une situation déjà difficile et qui suscite colère et inquiétude parmi les résidents concernés.
Le directeur technique de la Société nationale de l’eau et de la distribution des eaux (Sonede), Abdillah Mze, reconnaît la persistance du problème et assure que ses équipes sont mobilisées. « Samedi, après l’annonce, l’eau est bien revenue, mais dès le dimanche, des problèmes techniques ont empêché la distribution. Nous avons travaillé du dimanche au lundi pour réparer la panne, mais l’eau n’a pas pu être rétablie immédiatement. Ce n’est qu’à partir du mardi que certains foyers ont commencé à la recevoir », explique-t-il.
Mais cette accalmie n’aura été que de courte durée. Le 16 février, une nouvelle panne a surgi, cette fois-ci à cause d’un problème de gasoil ayant endommagé les injecteurs du moteur. « Cela fait neuf jours que le moteur est hors service. Les techniciens ont diagnostiqué un problème au niveau des injecteurs, causé par un défaut du gasoil. Le groupe électrogène est tombé en panne, ce qui complique énormément la situation. Sans énergie, nous ne pouvons rien faire, car ce moteur permet d’assurer la distribution d’eau », ajoute-t-il.
Dans plusieurs quartiers comme Magudjou, Badjanani, Mtsaguani et Irougoudjani, la population est excédée. L’eau, lorsqu’elle coule, arrive en quantité insuffisante, et les habitants doivent souvent se tourner vers les citernes mises en place par les autorités.
Baziya Abdou, vendeur à Magudjou, déplore cette irrégularité : « L’eau ne coule pas tous les jours, c’est en alternance. Parfois, elle arrive sur les robinets, mais souvent, elle est absente ». Maman Saïd, résidente du même quartier, partage sa frustration : « Depuis l’annonce, l’eau n’a coulé qu’une seule fois, et cela fait quatre semaines que nous attendons. Je laisse le robinet ouvert chaque jour, mais rien ne coule ».
Ahmed Saïd, lui aussi de Magudjou, témoigne : « L’eau n’a coulé qu’une seule fois depuis l’annonce, et à peine de quoi remplir un seau. Heureusement qu’il y a les citernes de secours installées par les autorités, remplies deux fois par jour, ce qui nous sauve ».
À Badjanani, la situation est similaire. Saïd Ali raconte : « Le samedi, nous avons eu de l’eau, mais depuis, plus rien. Mes voisins sont dans la même situation. Heureusement que les citernes de secours nous aident ». Un autre habitant, qui préfère garder l’anonymat, confie : « Cela fait plus d’un an que je n’ai pas reçu d’eau chez moi. Soit j’achète, soit je m’approvisionne à la citerne. Sans ces citernes, je ne sais pas comment nous ferions ».
Fatima Msa, résidant à Irougoudjani, se dit déçue : « Je n’ai pas eu d’eau depuis environ dix mois. Quand l’annonce a été faite, j’étais ravie. J’ai lavé mes bidons en prévision et j’ai même demandé à la personne qui me vend de l’eau de ne pas venir, pensant enfin être servie. Mais le samedi, rien. Dimanche, rien. Et jusqu’à aujourd’hui, toujours rien ».
Alors que le mois sacré du Ramadan approche, la situation devient encore plus préoccupante. L’eau est essentielle pour la préparation des repas et l’hygiène quotidienne. Sans un retour rapide à la normale, de nombreuses familles redoutent de vivre un mois de jeûne dans des conditions difficiles.
Le directeur technique de la Sonede assure que des efforts sont en cours pour rétablir la situation. « Nous faisons de notre mieux pour régler le problème avant le Ramadan afin que tout le monde puisse avoir accès à l’eau, inch’Allah », promet-il. Il reconnaît toutefois que même lorsque l’eau coule, la forte demande rend la distribution difficile, expliquant ainsi pourquoi certains foyers ne reçoivent qu’un faible débit.
En attendant, les habitants s’accrochent à l’espoir que l’eau reviendra avant le début du mois sacré. Mais face à la lenteur des réparations et aux difficultés persistantes, l’inquiétude grandit et la colère monte.
Said Hassan Oumouri
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