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Mon père est mort, pourtant certaines personnes continuent à le critiquer et à l’insulter

Mon père est mort. Il est mort, pourtant certaines personnes continuent à le critiquer et à l’insulter. Ils appellent ça de la politique.
Mon père paix à son âme a commis des fautes et des erreurs comme chacun de nous. Cela est normal, c’est dans la nature humaine, personne n’est parfait. C’est pour cela que Allah Soubhana Wa Taanla a créé l’Istihfar et nous a recommandé le Pardon entre nous.
Je ne comprends pas l’obsession de ces gens là envers ma famille mais je prie Dieu tout les jours de nous protéger de leur mauvaise foi.

Feu mon père que Dieu le pardonne, était un homme bien, je le dis haut et fort sans avoir peur de vos critiques. C’était un homme de conviction avec des valeurs et des principes.il était droit, posé et délicat, son caractère était rempli de sagesse et de bonté.Il avait choisi la politique pour changer les choses dans son pays mais pas pour s’enrichir. Il voulait changer les mentalités à Anjouan et cela a détruit son existence. A l’époque où mon père a commencé la politique l’île d’Anjouan était divisée en deux castes, les Wanguoina (les gens de la ville) qui se prennait pour les supérieurs et les Wamatsahas(les gens de la brousse) ceux qu’on denigrait et utilisait dans les maisons et dans les champs comme esclaves. Cette situation ne plaisait pas à mon père. Étant né dans un petit village de la brousse dans la région du Nioumakele, il connaissait bien la vie des gens de la brousse. Mais comme il avait grandi en ville, il connaissait très bien comment vivaient les gens de la ville. Mon père a été élevé dans une noble famille de Ouani.

Le Nioumakele est la plus grande région de l’île d’Anjouan. A l’époque où mon père était jeune, le Nioumakele était très pauvre, par rapport aux autres régions ils étaient plus en arrière. Et par rapport aux autres villages de la brousse, ils étaient plus dénigrés, rabaissés et humiliés. C’étaient des pauvres paysans, et quand ils descendaient dans les villes , ont les prenait dans les maisons des Wanguoina pour être des esclaves ( à l’époque on les appelait les boys) où dans les champs pour être des gardiens. Certains Wanguoinas n’osaient pas approcher les Wamatsahas, il paraît que les femmes des Wanguoina balançaient de l’eau sal ou poissonneuse sur des Wamatsahas. C’est cette triste réalité qui poussa mon père a vouloir faire de la politique pour ainsi lutter contre ce racisme et cette xenofobie qui sévissait l’île d’Anjouan.

Malgré, cette réalité douloureuse, mon père avait réussi à se faire une place parmi les grands. Si jeune il fût le premier président de jury à Anjouan après les blancs, si jeune,il fût président par intérim durant le régime du président Ali Soilihi paix à son âme, si jeune, il fût ministre plusieurs fois, si jeune, il fût député…etc. Donc ceux qui disent qu’il est l’éternel perdant on eu tort, c’était un gagnant mais il était oui l’éternel incompris.

Ces rivaux politiques où doit je dire ceux qui ne voulaient pas le changement, l’on renvoyé de la fonction publique très jeune. Nous étions encore que des enfants. Mon père n’avait plus de travail, plus de salaire, la vie était dure . Il était devenu paysans. Ils étaient fiers de l’avoir mis au chômage, pour les Wanguoinas la place d’un Matsaha c’était dans les champs à faire le paysan. Ils avaient réussi à renvoyer mon père a cet état là. Oui! il a cultivé la terre pour nous nourrir, oui! mon père a des fois demandé de l’aide à ceux qu’ils croyaient être ses amis. C’est normal, c’était un être humain qui était dans une situation difficile.

Mon père a subi une injustice dans ce pays pas parce qu’il était mauvais mais plutôt parce que ses origines dérangeaient. Il était un nioumakeleen.

Il n’y a pas d’amour, pas de respect mutuel, pas de confiance entre les anjouanais , c’est pour cela que l’île n’arrive pas à sortir du gouffre. Ce manque de solidarité entre anjouanais ne fait détruire notre île.

Naenmati Ibrahim

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