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Zourdani, Mohéli – Juin 2025
Un événement profondément choquant secoue actuellement l’île de Mohéli, relançant le débat national sur les violences subies par les mineurs et l’impunité persistante qui les entoure. Dans le village de Zourdani, une adolescente de 13 ans aurait été victime d’un acte d’une extrême gravité impliquant un membre proche de sa famille.
L’homme mis en cause, son oncle, avait été placé en garde à vue après les premières investigations. Mais ce qui a suscité une vague d’indignation dans le village, c’est la suite de la procédure : selon plusieurs sources locales concordantes, le père de la jeune fille aurait volontairement versé une somme d’argent à des autorités locales afin d’obtenir la libération de son frère, l’accusé présumé. Ce dernier reste à ce jour introuvable.
Face à cette situation, les habitants de Zourdani ont exprimé une vive colère. Outrés non seulement par la gravité des faits, mais aussi par l’attitude du père, certains ont publiquement déclaré leur volonté de le bannir du village, tout comme l’accusé. Cette réaction communautaire met en lumière le sentiment d’abandon et d’injustice ressenti par de nombreux citoyens face à un système perçu comme vulnérable à la corruption.
L’affaire soulève à nouveau des questions cruciales sur la protection de l’enfance dans le pays. Aux Comores, malgré l’existence de textes de loi visant à protéger les mineurs, les mécanismes de signalement, d’accompagnement des victimes et de poursuite judiciaire restent souvent défaillants. Les cas de violences sexuelles, en particulier lorsqu’ils ont lieu dans un cadre familial, sont encore trop souvent étouffés ou réglés de manière informelle, au détriment de la justice et du bien-être des victimes.
De nombreuses voix s’élèvent pour demander que cette affaire ne soit pas enterrée. Associations, militants pour les droits de l’enfant et citoyens engagés appellent à une enquête indépendante, à la poursuite de toutes les personnes impliquées, et à une réforme en profondeur du traitement des affaires de violences sur mineurs.
Cette affaire, aussi dramatique soit-elle, pourrait devenir un tournant si elle suscite une prise de conscience collective et une volonté politique réelle de protéger les plus vulnérables. Car tant que l’impunité prévaudra, les victimes continueront à souffrir dans le silence.
Said Hassan Oumouri


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