
Mbongoma, Mohéli, 3 octobre 2025. La crise née du changement d’horaire de la prière du vendredi connaît une nouvelle escalade. Ce vendredi, les fidèles de la mosquée de Mbongoma, à Mohéli, ont choisi de maintenir la tradition et d’accomplir la Jumuʿah à 12h30, comme cela se fait depuis des générations, au lieu de se conformer à la nouvelle directive gouvernementale fixant la prière à 13h30.
En réaction, des militaires ont fait irruption dans la ville et sont intervenus à la mosquée, selon des témoins. L’imam aurait été interpellé pour avoir dirigé la prière en dehors du nouvel horaire officiel. Cette intervention a créé une onde de choc dans la localité et au-delà, alimentant la tension autour de cette réforme jugée sensible.
Depuis la publication du décret et de l’arrêté ministériel instaurant de nouveaux horaires de travail, la prière du vendredi est automatiquement repoussée à 13h. Mais ce décalage est vivement contesté par les ulémas et de nombreux fidèles qui estiment qu’il s’agit d’une atteinte directe à la religion et aux traditions islamiques. L’Association des ulémas comoriens avait d’ailleurs proposé une alternative : avancer le début du travail à 07h30 le vendredi et libérer les fonctionnaires à 11h, permettant ainsi de prier à 12h30 comme d’habitude. Cette proposition est restée lettre morte.
L’intervention militaire de ce vendredi marque une étape préoccupante. Pour de nombreux observateurs, l’État prend le risque de transformer un désaccord religieux en crise sociale et politique. L’image de soldats déployés devant une mosquée, pour un différend lié à l’heure de la prière, choque dans un pays où l’islam est au cœur de l’identité nationale et de la cohésion sociale.
Les notables, les ulémas et les organisations religieuses sont désormais appelés à se mobiliser. Le bras de fer qui se joue autour du vendredi dépasse la simple question d’horaires : il touche à l’équilibre fragile entre l’autorité de l’État et la légitimité religieuse dans la société comorienne.
ANTUF Chaharane
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