À Mayotte, la colère gronde dans les établissements scolaires. Des dizaines de professeurs, principalement contractuels, n’ont pas touché leur salaire depuis un à trois mois. Résultat : plusieurs écoles et collèges sont bloqués, et les cours suspendus. Selon le rectorat, environ 350 enseignants sont concernés, un chiffre que les syndicats estiment plutôt à 1 000.
Cette crise financière intervient dans un contexte déjà fragile : les conséquences du cyclone Chido ont détruit de nombreuses écoles, compliquant encore la rentrée. À Mtsamboro, les grilles du collège sont désormais cadenassées. Parents et professeurs maintiennent la pression, refusant de reprendre les cours tant que tous les enseignants n’auront pas été payés.
Roméo, enseignant non rémunéré depuis juillet, raconte sa détresse :
«« C’est très compliqué. Mon compte a été clôturé, j’ai quatre mois de loyer impayés, une famille à nourrir, des factures à régler… »»
Même désarroi pour Lina, contractuelle venue de métropole, qui n’a perçu que des acomptes depuis la rentrée :
«« C’est honteux. J’ai choisi ce métier par vocation, en pensant que la fonction publique serait une sécurité. Aujourd’hui, je me retrouve dans la précarité. »»
Avec 61 % d’enseignants contractuels dans le second degré, le système éducatif mahorais repose déjà sur un équilibre fragile. Le rectorat justifie ces retards par des contrats transmis trop tardivement, mais les syndicats dénoncent un manque chronique de moyens et d’anticipation.
Sur place, les enseignants promettent de poursuivre leur mobilisation jusqu’au versement complet des salaires.
Said Hassan Oumouri


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