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Malgré l’âge, la mère du prisonnier Idi Boina affiche un incroyable moral d’acier

Son physique est certes fragilisé par le poids de l’âge mais son moral reste solide comme un roc. Dans une burqa noire, cette dame visiblement octogénaire qui vient de sortir du parloir de la prison. Elle se nomme Mkaribou Ivessi, la mère d’Idi Boina, ex allié du régime, tombé en disgrâce et jeté en prison. Un sort, soit dit en passant, que cet ancien secrétaire général des Finances partage avec beaucoup des ses compagnons de l’opposition aux côtés de qui il a mené avec brio le combat pour le rétablissement de l’Etat de droit.

Ce matin Mme Ivessi était partie rendre visite à son fils emprisonné depuis le mois de février. En sortant, un myriade de journalistes faisaient déjà le pied de grue à l’extérieur. Elle n’a pas fuit les micros et caméras braqués précipitamment devant elle.

Alors que l’opinion s’apitoie à longueur de journée sur le sort du prisonnier souffrant et à qui les autorités n’accordent pas le temps nécessaire pour se soigner, sa mère, elle, « fière » d’avoir mis au monde un « homme ! », ne se laisse pas démonter par les questions émotionnelles des journalistes. « Il n’est pas en prison pour avoir volé mais pour des raisons politiques. C’est ça un homme ! Et je suis fière de lui ».

Chose encore épatante, la mère laisse entendre que dans cette épreuve elle est la plus forte au sein de la famille (ne pas ignorer superlatif). Si elle ne balaye pas les rumeurs après être interrogée sur l’état de santé de son fils, celle qui a constaté de visu la décrépitude galopante de son fils (conditions carcérales obligent), pense qu’il n’est pas opportun de « tout rapporter à ses sœurs qui hésitent à venir le voir » pour, sans doute, ne pas avoir à regarder, yeux dans les yeux, leur frère se consumer dans l’injustice quoiqu’elles le savent. L’on ne dit pas qu’une mère est un écrin de sagesse et de secrets ?

En dépit de son flegme, Mme Mkaribou Ivessi garde une blessure profonde. Suite à la mort de son autre fils qui n’est autre que le petit frère du prisonnier Idi Boina, ce dernier n’a pas été autorisé à aller lui rendre un dernier hommage à Mohoro, au sud de la Grande-comore. Un pieu méchamment enfoncé par le régime d’Azali dans le cœur déjà fragilisé de Mme Ivessi. « Même les blancs n’auraient pas osé » priver à un prisonnier le droit d’assister à l’enterrement d’un membre de sa famille. Pour mémoire, cette cruauté féconde est loin d’être un cas isolé. Le régime en fait son tremplin pour faire souffrir davantage ses opposants. Le prisonnier Bahassane Saïd Ahmed s’est vu refuser le même droit quand sa mère est décédée. L’ « ancien » gouverneur d’Anjouan Salami est, lui aussi, passé par là. Quand sa petite sœur est morte, les autorités ne lui ont pas accordé l’autorisation d’aller assister à son enterrement.

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