MORONI EST COSMOPOLITE ET LE RESTERA À JAMAIS
Tout d’abord, nous tenons à condamner haut et fort, solennellement, les paroles indignes et irresponsables du maire adjoint de Moroni Mustapha Chamsoudine, demandant à ceux qui ne sont pas contents de rentrer chez eux.
Mais que se passe-t-il à Moroni? Depuis quelques jours, après le passage des forces de l’ordre, certains restaurants de fortune qui proliféraient ici et là, ne sont plus qu’un amas de ruines et de tôles jonchant le sol.
Dans le but de fluidifier une circulation devenue cauchemardesque pour les automobilistes, la gendarmerie a procédé avec fracas, au déguerpissement musclé, des marchands ambulants qui s’étaient approprié les trottoirs de la capitale comorienne.
L’occupation illégale des voies publiques est un fléau auquel doivent faire face toutes les mairies des capitales africaines. Des opérations de déguerpissement ont été mené sur le marché de Sandaga à Dakar, dans le quartier d’Eastleigh à Nairobi, sur la fameuse rue princesse d’Abidjan, et dans de nombreuses autres grandes villes du continent.
Moroni est devenu un capharnaüm, un far west. Le manque de civisme règne. Les étales sauvages se multiplient. Les marchés sont devenus de vastes dépotoirs à ciel ouvert. On y achète des aliments exposés entre les tas d’ordures. Les nuisances sonores des mégaphones des vendeurs à la sauvette n’épargnent personne, pas même les malades de l’Hôpital El Maarouf.
Croiser les bras et regarder impuissants la situation se dégrader de jour en jour, n’est pas une solution. Laisser le chaos se répandre sous prétexte que quelques-uns y trouvent un moyen de subsistance, n’est pas une option envisageable. L’immobilisme doit cesser, il faut agir, mettre un terme à l’anarchie.
Depuis quelques mois la Mairie de Moroni mène des travaux de construction de trottoirs et signalisations de la chaussée. Il est du devoir des pouvoirs publics d’offrir aux citoyens un cadre de vie propre et agréable. Les autorités et les habitants doivent travailler main dans la main et agir de concert, pour rendre la ville plus attrayante.
Les actions de la Mairie devraient être encouragées par tous. Malheureusement au lieu, d’y voir une autorité qui rétablit l’ordre face à des commerçants récalcitrants, certains y décèlent en filigrane des arrogants moroniens qui persécutent des wamasafarini (campagnards).
Plutôt que de potager dans les propos de caniveaux et stagner au niveau zéro du débat politique, « Mmoroni vs Msafarini », nous serions tous bien inspirés de réfléchir, au défi colossal que Moroni doit relever. Car en plus d’un accroissement naturel très élevé, elle doit absorber un exode rural important.
La croissance de la ville est rapide et chaotique. Des quartiers entiers apparaissent sans plan d’urbanisme et dans des conditions sanitaires déplorables. Les villages de Ngazidja se vident de leurs jeunesses venues chercher les maigres opportunités qu’offre la capitale.
Moroni est une ville cosmopolite et ouverte à tous. C’est une ville anjouanaise. Avec une communauté estimée à plus de 25 000 personnes il y a plus d’anjouanais à Moroni qu’à Domoni ou Wani.
C’est une ville malgache, qui a accueilli les bras ouverts les zanatanis fuyant le massacre de Majunga. Arrivés les mains vides mais redoutables commerçants certains sont aujourd’hui devenu millionnaires.
C’est une ville indienne. Les quartiers et rues portent les noms des grands commerçants comoriens d’origine indienne, tels qu’Asgarally, Dramsi, Kalfane, et Jo Kamoula.
Moroni restera cette cosmopolite qui souhaite la bienvenue à tous. Moroni restera notre bien commun à tous.
Comores Développement
Réagissez à cet article