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Les masques qui tombent ne sont pas ceux que l’on croit

Pour Sefrick Abdou, la faute de Simba Khaled, celle qui lui permet de dire que cette victime supposée d’un célèbre coach de football est un fieffé menteur réside dans le fait qu’il ait fait la confusion entre viol et agression sexuelle. Dans un article publié ce 19 mars intitulé « les masques commencent à tomber, Khaled se contrarie à nouveau », il mène une attaque en règle contre Khaled.

Le journaliste qui est peut-être aussi juriste voudrait donc que tous les profanes (que nous sommes tous pour la plupart) sachent faire naturellement la différence entre une agression sexuelle et un viol. En tout cas, la capture d’écran du numéro du journal Masiwa qu’il a utilisée pour illustrer son papier servant à discréditer Khaled, je l’ai reçue aussi. J’ai juste décidé de ne pas y accorder d’importance. On y a entouré en bleu la partie « qui incriminerait » Khaled. Alors que celui-ci a juste eu l’honnêteté, après avoir discuté avec ses avocats, de reconnaitre que selon le droit comorien, pour qu’il y ait viol, il faut qu’il y ait pénétration. Et dans son cas, c’était une agression sexuelle. C’est cette honnêteté-là qui est aujourd’hui reprochée à Khaled. Jamais, Sefrick ne s’est mis à la place de Khaled. Jamais Sefrick ne s’est demandé « et si c’avait été moi, qu’aurai-je ressenti ?». Jamais Sefrick ne s’est attardé sur les envies suicidaires de Khaled pour y puiser de la compassion, de l’empathie. Non Sefrick a préféré pondre un article dans lequel il s’est évertué à discréditer la parole de toutes les victimes de viol et d’agressions sexuelles.

Moi, contrairement à Sefrick, je n’ai pas commencé à m’intéresser aux histoires relatives aux violences sexuelles en janvier 2022, après la diffusion de la vidéo de dénonciation de Khaled. Je sais donc que Sefrick n’invente pas la poudre en s’appuyant sur ce qu’il appelle « les contradictions de Khaled » pour l’enfoncer. Qu’à chaque viol ou agression sexuelle, dans le monde entier, les défenseurs de prédateurs nous sortent tout un laïus sur ce que devrait être une victime parfaite. Pour Sefrick, pour qu’on puisse croire une victime, il faut que celle-ci ait une mémoire photographique de ce qui s’est passé, de ce qu’elle a subi. Le traumatisme induit par l’agression sexuelle, il ne connait pas. L’amnésie traumatique, il ne connait pas. Il faut que la victime se rappelle du moindre détail de la violence qu’elle a subie. Il faudrait qu’elle se rappelle de la date exacte, du temps qu’il faisait ce jour-là, des habits qu’elle a portés.
Pour Sefrick, il faudrait que toutes les victimes connaissent par cœur le code pénal et malheur à celles qui confondraient viol et agression sexuelle. Celles-là ne méritent pas d’être des victimes. Quoi un informaticien ( Khaled est un informaticien pas un juriste) qui ne sait pas faire la différence entre un viol et une agression sexuelle, c’est sûrement une victime qui ment.

Entre nous Sefrick, dis-moi, est ce que toi, journaliste, tu la connaissais cette différence avant l’éclatement de cette affaire ? Ce qui différencie un viol d’une agression sexuelle ? Connais-tu ces dispositions par cœur ? Dis-moi Sefrick, dans un pays aussi machiste, quel homme prendrait le risque de se faire traiter de tous ces mots horribles que je lis tous les jours, si ce n’était pas vrai? Quel homme, prendrait le risque de dénoncer un viol ou agression sexuelle par un autre dans ce pays sachant que toute sa vie, il devra composer avec « une virilité amoindrie », une masculinité diminuée » « ha rendwa mdru mshe »etc.
Sefrick, crois-moi « les masques qui tombent » ne sont pas ceux que l’on croit.

P.S : j’ai reçu tellement de menaces et d’insultes dans ma vie pour cette affaire mais aussi pour des dizaines d’autres, que vous pouvez continuer si cela vous chante. Je me placerai toujours du côté des victimes avec l’aide de Dieu.

FSY

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